festival du film asiatique de Deauville 2007 / J2 (jeudi 28 mars)
Premières journées des films en compétition après la soirée douverture du festival la veille avec "Le Mariage de Tuya" Trois films, trois pays, en compétition pour le seul jeudi 29 mars : La Thaïlande avec "Syndromes and a century", le Japon avec "Route 225" et la Chine avec "Teeth of love". Hors compétition, on trouve également, lhommage à la Malaisie avec "Things we do before we fall in love again" du réalisateur James Lee qui, à 34 ans, après une carrière au théâtre comme metteur en scène, a déjà tourné une bonne dizaine de films dont 5 font lobjet dune mini-rétrospective. La compétition Asia Action se déroulant en parallèle, sans parler des films du Panorama, il faut faire des choix et pour le premier jour, ce sera option totale compétition.
Entre le Japon et la Malaisie, jen ai profité pour aller visiter de plus près le pimpant village Asia, échoppes de soieries, vestes, foulards et écharpes (info : les vers à soie qui mangent des feuilles de manioc et non de mûrier donnent une soie mousseuse très douce), stands de bijoux, de livres, de musique, de peinture, massages, mesure au scanner de radicaux libres (10 Euros), ventes de produits de Ginseng. Alors que pour le festival du film américain en septembre, il ny avait nulle part où acheter seulement un quart deau minérale, cette fois-ci, un bar dégustation vend pour un prix modique de délicieuses spécialités (perles de coco, gâteaux aux haricots rouges ou à la banane, sushis) et aussi des jus de lychee, mangue, goyave, de la bière chinoise, du saké, etc
3 films de la compétition officielle
"Syndromes and a century" dApichatbong Wherasethakul (Thaïlande)
Je vais sûrement irriter les admirateurs du déjà célèbre réalisateur AW mais pour le découvrir, jai vu un film ostensiblement maniériste avec un long final art abstrait assorti dun curieux épilogue gym tonic vous réveillant en sursaut. Les interminables plans fixes, les cadrages sur un visage avec voix off racontant tout ce quon ne voit pas, la cime des arbres dont on ne verra le tronc que deux heures plus tard dans un jardin, les minuscules silhouettes au fin fond du décor, les zooms sur les plans suivants, le rond noir sur fond blanc, etc
, à cette concentration-là, le film relève dun insatiable catalogue dexercices de style où, en deux mots, trop, cest trop (limportant, cest la dose, comme disaient les apothicaires). Un récit dilué, divisé en deux parties, deux époques, sur la carrière et les amours dun jeune médecin.
"Route 225" de Nakamura Yoshihiro (Japon)
Présenté par le réalisateur qui racontera quau Japon, le film a été adoré ou détesté parce que les gens étaient choqués du passage soudain dans lunivers fantastique. Au retour de lécole, deux ados de 14 et 15 ans ne retrouvent plus le chemin de leur maison, ayant emprunté par hasard la route 225 menant à une plage dont ils ignoraient lexistence. Ayant enfin regagné leur maison, leurs parents ont disparu. Eriko, laînée, crâne et décide de se passer deux, son frère Daigo, plus timoré, espère leur retour. Petit à petit, les deux enfants remarquent des petits changements modifiant leur ancienne vie : la camarade de classe du frère Daigo, morte deux ans auparavant, est réapparue, la dispute dEriko avec une fille de sa classe a été oubliée, le bouquet de fleurs jaunes composé par leur mère est devenu rouge. Récit allégorique sur le manque, labsence et le deuil, cest un film inventif et subtil, émouvant et léger malgré la gravité du sujet.
"Teeth of love" de Zhuang Yuxin (Chine)
Présenté par le réalisateur dont cest le premier film et son actrice principale sur laquelle repose le film, on appréciera la superbe prestation de Yan Bingyan dans le rôle de Quian Yehong, jeune femme quon suit à travers trois étapes principales de sa vie correspondant aux mutations de la Chine. Ecolière chef de bandes dans les années 70, amoureuse dun camarade de classe qui la brise, étudiante en médecine dans les années 80, entichée dun homme mariée qui la laisse sur le carreau, mariée ensuite à un homme quelle na pas choisi, Yehong ne renoncera jamais à lamour générateur de douleur et à la douleur réactivant le souvenir de lamour. Mélodrame très physique, un peu trop maso quelquefois, cest une saga ambitieuse sur lévolution des murs en Chine et sur lamour en général comme laboratoire des comportements.
Hommage à James Lee
"Things we do before we fall in love again" de James Lee (Malaisie) (Hors compétition)
Deux hommes qui aimaient la même femme se retrouvent par hasard et décident dunir leurs forces pour la retrouver en égrenant leurs souvenirs : Portrait dune séductrice, assez femme fatale, qui aime lamour plus que les hommes, a épousé le second et a revu le premier après son mariage, pour sans doute en avoir suivi un troisième. Filmé en noir et blanc, la photo est sublime, peut-être trop car elle vampirise le sujet du film dans une certaine mesure. Film intimiste au superlatif sur lintimité physique dun couple qui nempêche pas le mensonge et la tromperie, pour ne pas dire, au contraire, que le jugement sur lautre se trouve altéré par la passion mais connaît-on jamais lautre. Un réalisateur très prometteur et même franchement surdoué.
Demain vendredi, lhommage à Park Chan-wook
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