Inside Daisy Clover : le prix de la notoriété

Robert Mulligan, 1965

Pitch

Les désillusions d'une adolescente désargentée qui devient une star à Hollywood...

Notes

Aout 1936. A Angel beach en Californie, modeste station balnéaire, une adolescente de 15 ans, rebelle, garçon manqué, vit chichement dans une barraque en bois sur la plage avec une mère instable et psychologiquement fragile. Rusée, elle vend des photos dédicacées truquées pour gagner un peu d’argent. Un jour, Daisy décide d’être une vedette et va enregistrer sa voix sur un disque de démonstration qu’elle envoie à un studio qui produit des comédies musicales. Et ça ne traîne pas, quelques jours plus tard, une limousine vient la chercher et la dépose dans l’antre des studios Swan où elle fait un essai concluant dans un costume orange criard assorti d’une casquette, un déguisement que les studios ont choisi pour elle.

Ce sont les débuts du cinéma, les studios cherchent des recrues à façonner selon ce que peut attendre le public. Daisy, cheveux courts et allure masculine, on en fait une poupée genre ado sauvage, un peu délurée, « petite fiancée de l’Amérique ».

On comprend bien où veut en venir le réalisateur : dénoncer la fabrique des stars et la manière de les traiter comme des objets à façonner pour en faire des machines à cash en échange de la célébrité. Ici, Raymond Swan et son épouse compassée jouent le rôle des tyrans doucereux qui ont trouvé une adolescente à modeler, à transformer en star de musicals à grand renfort de publicité. Derrière ce que voit le public, tout est faux.

Le grand problème du film est son interprète principale, Natalie Wood, 27 ans à l’époque, surjouant la gamine des rues indomptable à un point difficilement supportable pour le spectateur. Tout est outré, son jeu, ses costumes, au point qu’on peut penser qu’il s’agit d’un choix du réalisateur de surligner le mensonge et la laideur : des sentiments, des vêtements, des couleurs, des chorégraphies interminables de la nouvelle star dansant en chantant. On comprend moins le cabotinage de l’actrice dès le début du film…

Un passage est plus crédible : celui où Daisy rencontre l’acteur Lewis Wade (Robert Redford à ses débuts), autre créature des studios Swan, dont elle tombe follement amoureuse, ce qui ne fait pas l’affaire de Raymond Swan. Il la demande en mariage pour éteindre l’incendie, la laisse tomber au bout de quelques jours et revient quelques mois plus tard…

Ici, c’est le point de bascule du film où on aperçoit ce qu’aurait pu être ce drame déguisé en comédie. Car le sous-texte est sombre comme cet enfermement de la mère de Daisy (validé par la soeur aînée) dans un asile afin que les studios aient la paix. Pour se faire pardonner sa fuite, Wade ira la chercher la mère de Daisy et la ramènera chez elle… Mais Wade Lewis n’est pas le prince charmant filmé au cinéma, à la ville, il est alcoolique et névrosé ; quand Daisy se console, sans entrain, dans les bras de Raymond Swan, Melora Swan, l’épouse (toujours vêtue comme une veuve éplorée), pleure davantage sur la trahison du bellâtre (dont on comprend qu’elle fut aussi sa maîtresse) que sur celle de son mari, informant, au passage, Daisy, sa rivale, que leur séducteur préfère les hommes.

Adapté d’un roman de Gavin Lambert, ce film, très caricatural, peut être vu comme un conte cruel, un procès à charge contre le système Hollywoodien de fabrique des stars, l’usine a rêves… Natalie Wood avait bien connu ce parcours d’enfant-star poussée par sa mère. Le thème du film la renvoyait à ses démons, à ce qu’elle avait été obligée d’accepter pour devenir une vedette. Comme Daisy qui finit par craquer, elle connaissait sans doute le prix à payer aux vautours des studios en échange de la gloire, ce « deuil éclatant du bonheur » (Madame de Staël).

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photo TCM

 

Diffusion

Vu sur OCSTV

 

Notre note

2.5 out of 5 stars (2,5 / 5)

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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