Jacques Weber et Flaubert = « Gustave », théâtre de l’Atelier
Pitch
Au théâtre de l'Atelier à Paris, durant tout l'été, Jacques Weber reprend "Gustave", une pièce qu'il a déjà jouée avec succès, d'après la correspondance de Flaubert.
Notes
Hier, rencontre spécial blogs (surtout blogueuses) au théâtre de l’Atelier avec un monstre sacré du théâtre : Jacques Weber. Il vient de reprendre « Gustave », monologue d’après la correspondance de Flaubert et pas seulement les lettres à Louise Colet, sa maîtresse avec laquelle il vient de rompre (elle l’a laissé tomber) au début de la pièce. Mais aussi lettres à Maxime du Camp avec lequel il a tant voyagé avant de s’enfermer à Croisset en ermite, habitant avec sa mère, s’épuisant à écrire ses chefs d’oeuvre. Mais si l’écriture de Flaubert est un travail d’orfèvre, dans sa correspondance, n’ayant pas à l’époque vocation à être publiée, l’écrivain « se lâche », souvent trivial, parlant crûment, se plaignant de la sottise et les vanité de ses pairs, faisant l’apologie des bordels, remettant l’amour avec Louise à sa place de ne pas justement prendre toute la place.
J’ai fait le LT de la rencontre avec Weber, aussi, je ne le referai pas ici sur le blog, on peut le lire en utilisant le lien ci-dessous :
hashtag : #JacquesWeber
Au théâtre conjugaison forcenée d'ici et maintenant #JacquesWeber pic.twitter.com/cOIqUmicD3
— Camille Marty (@Cine_maniac) June 19, 2015
Et aussi
Jacques Weber est un personnage très politique, ayant démarré avec le TNP de Vilar dont il se rend compte ensuite, que bien qu'à vocation populaire, il était, en fait, fréquenté par des bourgeois. Un Weber rongé par l'idée de la dévalorisation du théâtre dont il craint, comme Jouvet, qu'il ne devienne un spectacle joué par des amateurs n'ayant pas la distance avec un rôle comme les acteurs. Pourquoi cette désaffection du théâtre? La crise, bien sûr, mais aussi ce lieu sanctuarisé qui impressionne, la solution? Que le théâtre aille à la rencontre des spectateurs comme cette expérience que Jacques Veber a faite de jouer en prison. Tout cela n'est pas nouveau, c'était déjà la démarche de la génération 1968. Ce qui est est plus nouveau, c'est le désir du public d'interactivité, d'où, sans doute, l'explosion du stand-up. Weber déplore, de ce fait, ce qu'il nomme pudiquement le déséquilibre des propositions théâtrales. En fait, on parlera peu de Flaubert lors de cette rencontre, l'écrivain de génie a écrit des livres universels, celui que préfère Jacques Veber : "Madame Bovary", comment faire autrement? Au delà, il aime "Une Vie" de Maupassant, disciple de Flaubert, et aussi "Au dessous du volcan" de Malcom Lowry, etc... On parlera théâtre, interprétation, politique au sens sociétal des choix de théâtre. La mise en scène de "Gustave" est minimaliste, un second personnage donne la réplique muette à Gustave, une manière de s'adresser à un proche (mimant une conversation menée dans l'intimité) et pas face au public. L'idée que le spectateur entende ces colères et états d'âme de Flaubert comme par effraction était bonne. Pourtant Weber ne joue pas le jeu, si l'on peut dire, car Weber est un comédien de performances qui a du mal avec le ton de la confidence inhérente à la pièce. Gustave se confie, se plaint, s'indigne, Weber, les yeux baissés tout au long de la pièce, se contraint à ne pas en faire trop mais cela se sent néanmoins. Pourtant, les spectateurs sortiront du théâtre en disant "mais quelle performance d'acteur!", et je me dis alors que c'est là la demande des vrais amateurs le théâtre quand, personnellement, je préfère le cinéma et la littérature.
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