« Les Oubliées de Juarez » : le syndrome Madonna échouant systématiquement au cinéma frappe-t-il aussi JLo?
Un film avec JLo est-il nécessairement un navet ? Non, il est possible de faire bien pire, "Les Oubliées de Juarez" est une épreuve visuelle et sonore sans parler du scénario tiré de faits réels, dont on a pas tiré grand chose quun ramassis de lieux communs, et de linterprétation scolaire et empruntée de JLo, la perruque blonde de travers. Car le mélo inséré dans le récit est le suivant : la journaliste américaine fausse blonde, qui prétend ne pas parler espagnol, est en vérité une mexicaine à lenfance traumatisée, ce dont personne ne doute dès la première image. Envoyée par la rédaction de son journal pour enquêter au Mexique sur les meurtres des ouvrières de Juarez, ville frontalière industrielle, Lauren/JLo traîne les pieds tout en frémissant daise de revoir un ancien partenaire et un peu plus que ça, Diaz/Antonio Banderas dans le rôle du patron dun journal local, l’air plus niais que nature avec une frange coupée au bol.
Dès le début du film, les couleurs incroyablement criardes, le son à fond la caisse (bruits de la rue amplifiés doublés de musiques assourdissantes), font regretter de ne pas avoir emporter, primo, des boules Quies, secundo, des lunettes fumées, pour éviter la migraine. Sans avoir lesprit dobservation particulièrement développé, les scènes de jour en extérieur sont toutes grossièrement jaunies jusquà lorangé (on a même trouvé la façade de lhôtel de JLo dun émétique rouille orangé). Les scènes de nuits en extérieur, sont carrément colorées en rouge, voire trempées de rouge, et striées de violet et rose Barbie des supposés néons de la rue. En revanche, dans lusine, on a droit à une hideuse lumière verte et bleu de chambre mortuaire.
Action : Une jeune ouvrière indienne sort de lusine, emprunte une ruelle véritable coupe-gorge, suivie par une mine patibulaire, et se précipite dans un autobus de nuit dont il savère que cest le car de ramassage de lusine. Demeurée la dernière et seule passagère, le chauffeur lui fait le coup de la panne qui vire au massacre ignoble avec un viol collectif. Etranglée et enterrée dans un terrain vague, elle en sortira en brassant la terre, ressuscitée comme Lazare
De cette jeune femme, Eva, blessée et choquée (on le serait à moins), Lauren/JLo se servira pour rédiger un article sur les disparitions des ouvrières de Juarez, les autres meurtres (365 officiellement ou 5000 officieusement) étant rapidement expédiés. Sidentifiant à la jeune fille, la journaliste, dont on revoit, encore et encore, des images denfance (en sépia cette fois, dès fois quon douterait encore quelle soit une mexicaine sous sa perruque jaune lisse qui lempêche de courir normalement), va réveiller en elle la générosité quelle ignorait. Compliments de son rédacteur en chef (Martin Sheen, pathétique dans ce rôle alimentaire) la félicite du nouveau ton humanisé de son papier
Mais le pire est à venir, la jeune indienne agressée a environ 17 ans et bien, il faut le voir pour le croire, JLo va prendre sa place à lusine, découvrant sa teinture de cheveux bruns quon na cessé dapercevoir par dessous la perruque blonde Et si JLo prend sa place à lusine, se présentant comme une nouvelle ouvrière (son air de sennuyer devant sa paillasse est un sommet damateurisme), cest pour servir dappât au chauffeur de bus qui, pas plus que le contremaître à lusine, ne se rendra compte que la nouvelle recrue a deux fois lâge du rôle, même avec ses barrettes multicolores dado sur la tête Pour prendre le bus, il suffira à JLo de quelques cailloux dans sa poche pour mettre KO le chauffeur qui tente de la violer Et ainsi de suite, tout le film à limage dune remarquable laideur est pavé de niaiseries et dincohérences, dacteurs jouant avec autant de vérité quà la fête de fin dannée de la paroisse.
Un sujet dramatique censé dénoncer un scandale, possédant en soi mille pistes à creuser pour en faire aussi un thriller, pour lequel il fallait se donner bien du mal pour gommer toute compassion du spectateur en livrant cette daube indigeste. Je pensais aller voir un honnête film US bien ficelé, jen suis sortie la tête lourde comme du plomb, une vraie pénitence
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