Melissa P : Histoire de B (brosse)
Décidément, les baby-boomers génération Katmandou inspirent le pire et le meilleur : après le grand-père héroïnomane de "Little Miss Sunshine" (au demeurant excellent), voici Géraldine Chaplin en vieille hippie décatie, écouteurs aux oreilles et clope au bec dans une maison de retraite.
Le film est désagréable à regarder et en premier lieu pour son trio de couleurs rouge, rose et violet : croiriez-vous possible quune bande dados soient tous vêtus de violet dans un club de billard, puis que toute une classe porte des pullovers roses et que dans la scène suivante les mêmes portent des anoraks et sweaters rouges? la symbolique méchappe Le rouge du sang, le violet du deuil et le rose de la collection Harlequin peut-être Limage, elle, est rougie, rappelant les premières photos Kodak du début de la couleur Pour varier les plaisirs, de temps, en temps, limage est bleutée, dans les deux cas, ça fait une ambiance trafiquée
En second lieu, la psychologie des personnages est bancale. La démonstration que labsence dun père et la désinvolture dune mère égoïste conduisent une jeune fille de quinze ans à jouer «Histoire dO» avec des bellâtres oisifs sortis dun pastiche de la Dolce vita, tourne à vide. Dans les premières images, on juxtapose, à la recherche du plaisir solitaire par Melissa dans sa chambre, sa mère, sourde à tout ce qui se passe, vacant dans sa cuisine, et Elvira, sa grand-mère, sortie dun Woodstock de la Nuit des morts vivants, censée être la seule à comprendre les choses. Si la pénible mise à lasile de la pauvre grand-mère (sans doute la seule scène touchante du film) sonne le départ du comportement autodestructeur de Melissa P, ladoption dun chien marquera sont retour dans le droit chemin
Dans lintervalle, on essaye de nous faire passer quatre scènes de Melissa P avec un certain Daniele, latin lover vaguement pervers, pour une histoire de passion, voire déveil à la sexualité tendance masochiste Le type nest pas à la hauteur, ni le personnage ni lacteur, le regard totalement inexpressif, dans la première scène, elle demande un baiser, il lui répond une fellation, dans la seconde, pas grand chose, dans la troisième, il invite son meilleur ami, et là, largument de lacceptation de Melissa est choc : elle est sur le point de planter là cette paire de godelureaux pour prendre le chemin de la sortie quand lami savise de la traiter de gamine, volte-face, elle se prête à tous leurs jeux sexuels pour démonter quelle nest pas cette gamine Inflation sur le nombre de copains pour la quatrième scène et internet pour la scène finale, le film baignant étrangement dans un climat érotique surrané à la représentation démodée et hypocrite, ça le relooke années 2000
La voix off de Melissa P narratrice lisant son journal est encore ce qu’il y a de (relativement) moins désagréable dans le film. Tiré dun roman italien autobiographique à succès «100 coups de brosses avant daller dormir», à qui sadresse cette production hispano-italienne hormis les lecteurs du livre qui chercheraient peut-être le 101ième coup? Nous étions 11 dans une salle denviron 300 personnes dans le centre de Paris le mercredi de la sortie du film
(quand j’ai débarqué, nous nétions que
2, les 9 autres sont arrivés ensuite
un grand moment de solitude partagée
). Peut-être le public avait-il choisi, sur un thème pas tellement éloigné, daller voir "Chacun sa nuit" sorti le même jour
Et il a eu raison
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