« A Single man » : la vie sans lui
Pitch
En 1963 à Los Angeles, la dernière journée d'un professeur d'université tentant de faire son travail de deuil après la mort de son compagnon, incapable d'imaginer l'avenir sans lui... Mais comment envisager le futur sous le poids du passé?
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photo Mars distribution
Je ne sais plus depuis combien de temps, d’années, il est quasiment systématique de démarrer par un flash-back et quand ce même flash-back revient deux heures plus tard, cela veut dire qu’on approche du générique de fin. Cela n’a pas échappé à Tom Ford qui fait donc comme tout le monde, accident dans la neige, un homme s’allonge auprès d’un autre homme accidenté et vers la fin, on revisite la même scène. Les flash-backs en noir et blanc, le film en couleur, rien de nouveau non plus, on peut faire l’inverse aussi… Tom Ford, le couturier play-boy célèbre pour avoir « sauvé » la vieillotte maison Gucci en la transformant en un tableau de chasse de « must-have » (mais là on bascule dans la mode)… Tom Ford, récemment aperçu signant une collection de lunettes de soleil plus chères que toutes les autres, comme en porterait, par exemple, Sofia Coppola… Tom Ford, aujourd’hui derrière la caméra, nous livre un film très élégant aux (anti)couleurs qu’il affectionnait déjà dans le chiffon de luxe à une époque où les couleurs étaient considérées comme vulgaires (avant le revival seventies) : beige, noir et blanc. La maison de George et Jim est à 200% déco minimaliste so chic : boiseries blondes, noir et blanc, baies vitrées, une maison de verre…
photo Mars distribution
Le film est sauvé par la superbe interprétation de Colin Firth qui a obtenu le prix d’interprétation masculine à Venise. Un Colin Firth bien seul, un single actor rencontrant quelques beaux mecs genre top models… Bien que les photos mettent en avant Julianne Moore, on la voit peu, et c’est Julianne Moore, l’icône, très maquillée, très sophistiquée, que filme Tom Ford, un peu comme quand Madonna est photographiée pour une pub Vuitton, c’est son image fantasmée qu’on filme, plus qu’elle… Au final, tout le monde est beau, trop beau, des corps passés à la peau de chamois, des pluies de regards clairs en gros plan, des jambes nues parfaites s’ébattant sous l’eau, des serviettes de toilette couleur tabac, des costumes bien coupés…Adapté du roman de Christopher Isherwood « Un Homme au singulier », le film a pris le parti de dépasser le monologue intérieur, comme le livre, en y ajoutant des micro-événéments mais ça demeure très monolithique,
censé se passer en 24h de la vie d’un homme. Car le sujet est à la fois vaste et très introspectif, dépassant d’ailleurs largement le cas particulier d’un couple gay : c’est la crise de la quarantaine, le bilan d’une existence, la redéfinition des priorités d’une vie dans laquelle on a négligé les bonheurs simples au bénéfice de la réussite, le deuil agissant comme stimulus violent pour déclencher cette prise de conscience. Un film réfrigéré, qui, en étant incapable de renoncer au culte de l’esthétique, passe loin de l’émotion et la douleur qu’il est censé décrire.
photo Mars distribution
Notre note
(3 / 5)
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