« Amore Roma, Les années Dolce vita »
sur Cinécinéma Classic le 19 juin 2010
Pour fêter les 40 ans de « La Dolce vita » de Fellini, CinéCinéma Classic programme un documentaire sur la Rome des sixties qui a inspiré Fellini. C’est un film informatif très académique comme construction, un peu désuet, où l’on apprend des petites révélations par ci par là mais tout cela reste en surface. Seul Massimo Gargia, ancien gigolo pro ayant participé aux fêtes romaines de l’époque dit les choses à peu près clairement : les orgies, la drogue, les parties qui parfois tournent au drame comme cet aristo romain, le marquis Casati, qui choisissait un homme jeune pour sa femme trop belle tous les soirs en lui interdisant d’en tomber amoureuse, et qui va finir par tuer l’épouse et un amant auquel elle s’est attachée.
Mais tous parlent de Rome centre du monde de la jet-set, un peu Hollywood sur le Tibre. Les plus belles actrices américaines (Liz Taylor, Caroll Baker, Jane Mansfield, Ava Gardner), françaises (Bardot, Marina Vlady, Mylène Demongeot, Martine Carol), ou encore la princesse Soraya, voulaient tourner à Rome à Cineccita, se précipitant le soir Via Veneto, the place to be, ou Via Antica dans les villas. Quelqu’un commente que ça ne serait venu à l’idée de personne de se téléphoner pour se donner rendez-vous Via Veneto, on y allait et on voyait sur place… Autres temps, autres moyens de communication…
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Willy Rizzo, un des grands photographes de Paris-Match, était marié à Elsa Martinelli, Ursula Andress, alors inconnue, habitait chez une amie romaine, Anita Ekberg vivait une liaison passionnée avec un héritier Agnelli qui en épousait une autre, Sophia Loren et Gina Lollobrigida se disputaient le numéro 1 de la plus belle actrice italienne, Claudia Cardinale, arrivée de sa Tunisie natale, était engagée par les plus grands, tournant plusieurs fois avec Visconti (« Sandra », « Le Guépard »). Des acteurs français comme Jean Sorel, Christian Marquand, Jean-Louis Trintignant tournaient en Italie.Parmi les actrices interviewées aujourd’hui, deux françaises : Magali Noël, trois rôles avec Fellini, qui avait hésité a accepter « La Dolce vita », raconte des souvenirs avec une actrice tombée dans l’oubli, fiancée à James Dean, Anna-Maria Pierangeli. Catherine Spaak, qui a fait le plus gros de sa carrière en Italie, elle, n’a pas de langue de bois, Ugo Tognazzi? Un macho… Vittoria Gassman? Un mal-élevé… Alberto Sordi? Un italien renfermé plutôt radin vivant avec sa soeur…
Anita Ekberg, Gina Lollobrigida, Sophia Loren
Quelques pistes pour comparer « La Dolce vita » et la réalité de l’époque que Fellini a retranscrite. D’abord, catholique, marié à Giuletta Masina, Fellini n’a pas osé traiter des orgies, de la décadence romaine, il a mis un frein à sa description. Le correspondant de Paris-Match à Rome raconte que Fellini l’avait interviewé sur son quotidien de reporter pour le personnage de Marcello Mastroiani dans « La Dolce vita ». Ensuite, des scènes comme celle cultissime d »Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi n’étaient pas rares à Rome à cette époque de fêtes. Quelqu’un dit pourtant que Fellini se serait plutôt inspiré pour cette scène de Zelda Fitzgerald se baignant dans la fontaine d’Union square à Manhattan.On aurait pu en dire beaucoup plus, les protagnistes rescapés de l’époque ont peu de souvenirs ou les gardent pour eux. Un acteur comme Fabio Testi, grand séducteur italien, inoubliable dans
« Le Jardin des Finzi-Conti » de Vittorio de Sica (un des plus beaux films du monde) est simplement présenté comme ayant tourné avec Zulawski (« L’Important, c’est d’aimer »), il est d’ailleurs toujours aussi séduisant mais on ne lui demande rien d’intéressant…
Fabio Testi
On se rend compte ici comme ailleurs que les années 60, par exemple, ont très peu de documents filmés d’époque, dans ce documentaire, pas grand chose (et je pense qu’on aurait pu en trouver davantage) : des photos, des couvertures de magazines d’époque, des affiches originales de films, quand on fera une rétrospective sur les années 2000 avec des films de tout de son téléphone à internet, on aura des tonnes de doc… Filmer Rome aujourd’hui n’a pas d’interêt, on aurait préféré, comme dans le coffret « Fellini, au travail », des films de l’époque, des photos empruntées à des collections particulières. Donc, le film est relativement informatif, très lacunaire, un peu scolaire… L’avènement de la Vespa, le terme Paparazzi inventé par Fellini, la musique de Nino Rota, rien de bien neuf, ça se regarde, comme on dit… En juin, la chaîne programme aussi un cycle Mauro Bolognini le dimanche qui devrait être plus passionnant…
Catherine Spaak dans « Le Fanfaron » de Dino Risi
Cinécinéma Classic :
« Amore Roma, Les années Dolce vita », samedi 19 juin à 18h50.
Cycle Mauro Bolognini les dimanches de juin à 20h40 : « Les Jeunes maris »
le 6 juin, « Les Garçons » le 13 juin, « Bubu » le 20 juin, « Vertiges » le 27 juin.
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