« Ennemis intimes » + « Cobra verde » : la démesure du couple Herzog/Kinski
Werner Herzog et Klaus Kinski souffraient d’attirance et de besoin de l’autre, formant une entité explosive, un peu à la manière d’amants maudits qui ne s’avouaient que leur détestation mutuelle et leur colère d’être obligés de se supporter, Werner Herzog ayant même tenté de d’incendier KK et sa maison!!! Quelques mois plus tard, se rencontrant à un festival américain, ils tombaient dans les bras l’un de l’autre… Quand Klaus Kinski meurt en 1991 à San Francisco dans l’indifférence générale, Herzog tourne la même année son dernier film de fiction (« Cerro Torre/Le Cri de la roche » avec un acteur italien aussi bilieux que Kinski) et ne fera plus ensuite que des mises en scène d’Opéra ou des documentaires… Herzog raconte qu’il l’a vu Kinski se consumer dans la dernière scène du dernier film qu’ils ont tourné ensemble qui se trouvait être aussi chronologiquement la scène finale du film « Cobra verde » (1987) où le héros meurt, il a même entendu KK dire ensuite « je ne suis plus ». Kinski consumé, dévoré par Herzog? retournera alors à ses séries B minables… Auparavant, il demandera à Herzog qui refusera de réaliser « son » « Paganini » (1989), une oeuvre délirante comme lui qu’il sera obligé de réaliser lui-même.
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Mick Jagger dans des extraits de « Fitzcarraldo », Isabelle Adjani dans « Nosferatu, fantôme de la nuit » (1979, remake du film de Murnau, tourné juste avant « Woyzeck »), etc…Pour ce film, Herzog n’a rien préparé et retourne sur les lieux de tournage qu’il a partagé avec Kinski, on le voit dans son appartement d’enfance à Vienne, au Pérou, dans la jungle, hypermnésique, se souvenant du moindre détail, créateur introverti obsédé par les fantômes de son interprète/créature extraverti/e, malheureux d’avoir perdu son tortionnaire, dont il avoue qu’il provoquait parfois ses crises de nerfs pour le filmer ensuite avec une voix grave… Cet acteur honni qu’il jugeait aussi hystérique, lâche et stupide qu’il se trouvait réservé, réfléchi et courageux, dont il se rend compte trop tard qu’il était néanmoins devenu un ami, un compagnon qui lui manque…
Produit par Arte, présenté à Cannes en 1999, le film sort aujourd’hui en DVD dans un coffret collector avec « Cobra verde » aux éditions Potemkine (nouvel éditeur dont on avait déjà apprécié cet hiver le coffret Jacques Rozier).
Herzog et Kinski :
« Aguirre, la colère de Dieu » (1975)
« Nosferatu » (1979)
« Woyzeck » (1979)
« Fitzcarraldo » (1984)
« Cobra verde » (1987)
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« Ennemis intimes » (1998)
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« Paganini » (1989) du seul Klaus Kinski
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