« Fellini au travail » : secrets de fabrication…
DVD 1 :« Fellini au travail » (2009) et « Fellini et la publicité » (1984/1992) :
Interview de Sam Stourdzé, commissaire de l’exposition du jeu de Paume, « Fellini, la grande parade » : parle des sources du travail de Fellini, notamment de son intérêt pour la psychanalyse, son psy lui ayant conseillé de dessiner ses rêves. Des cahiers de rêve que tient à jour Fellini et utilisera notamment pour des pub pour Banco di Roma. On voit les 5 pub qu’a tourné Fellini, une pour Campari, une pour Barrilla (choisit les rigatoni comme pâtes à cause de l’ambiguité du mot qui voudrait dire fellation en argot) et trois pour Banco di Roma. Passionnant les casting de Fellini, les annonces dans le journal où il annonce qu’il recevra qui veut le rencontrer et conserve des milliers de photos de visages qu’il classe par catégories (livret de photos « Fellini, c’est moi! » avec le DVD).
—–
« Bloc-notes d’un cinéaste »(1969) :
Un film assez délirant commandé par la chaîne NBC où tout le monde est obligé de parler anglais avec un solide accent italien… A la fois documentaire et essais parfois en costumes où Fellini revient dans un décor construit pour un film qu’il ne tournera jamais où un violoncelliste, personnage principal, aurait atterri dans un paysage onirique… Au lieu de ce projet, il tournera « Le Satyricon » d’après Petrone. Déambulations dans les rues de Rome où il n’est pas toujours bien accueilli, voyage hallucinatoire dans le passé de Rome… A noter la présence de Giuletta Massima (son épouse dans la vie) et surtout le « coucou » à Marcellino qui habite Via Appia, c’est à dire dans la maison Marcello Mastroniani à qui il fait faire des tests pour le personnage du film abandonné, le comédien répond à Fellini qu’il n’y croit pas lui-même, sinon, il serait le personnage…
« Journal secret d' »Armacord » (1973) :
Maurizio tourne les coulisses de la préparation du film « Armacord », le casting dans le bureau dans une grande agitation est souvent très drôle comme ce géant obèse qui peut s’émouvoir à la minute. Interview de Sandra Milo (Carla dans « 8 et demi ») à qui le rôle de la Gradisca a échappé pour revenir à Magali Noël dont elle pense qu’elle aurait pu faire mieux… Amusant le traducteur d’occasion accompagant Fellini (qui n’a pas parlé allemand depuis 25 ans…) à l’occasion d’une interview avec une journaliste allemande… Fellini et son numéro pour les journalistes destiné à ne pas parler du film qui est un « voyage », etc… Table ronde d’acteurs témoignant de leur travail avec Fellini, ce type qui ne peut pas sourire sans douleurs engagé pour sourire, cette vieille dame allergique aux anémones qui doit tenir un bouquet d’anémones dans le film, etc… Nino Rota, le compositeur de tous les films de Fellini disant que Fellini ne sait pas écouter la musique, il s’ennuie vite. Une fois encore, la recherche des acteurs prend des proportions dantesques, sans doute parce qu’en même temps Fellini affine le personnage qu’il cherche (pour La Volpina, cherche une femme-chat, maquillages insensés, on fait des actrices des estropiées).
« E Il Casanova di Fellini » (1975)
Documentaire réalisé durant l’interruption du tournage du « Casanova » de Fellini, le bonus le moins intéressant avec la quasi-absence de Fellini où une journaliste (assez agaçante, s’écoutant parler)) va interviewer tous ceux qui peuvent parler de Casanova et aussi les acteurs pressentis pour le rôle qu’ils n’auront pas, souvent dépités comme Marcello Mastroiani (dit être le seul à qui Fellini, son ami, n’a pas pensé…) ou Ugo Tognazzi, Alberto Sordi (très drôle), Vittorio Gasmann (suractif)… Au final, on sait que le rôle ira à Donald Sutherland lors du tournage qui reprendra en 1976. Un psy pense que la névrose de Casanova sans angoisse, compensée par l’action, aurait été difficile à soigner. Tous ne sont pas d’accord sur le personnage sauf sur l’hyperactivité de Casanova. Détail piquant, Casanova était attiré par le difforme et la variété : exemple de son aventure avec une femme de 75 ans ou une femme malade d’un lupus sur le visage. Aventurier pour les uns, nomade pathétique (se) fuyant pour les autres, l’homme, originaire de Venise, symbolise néanmoins le séducteur latin, la plupart des intervenants ayant une sorte de « complexe de Casanova » qu’ils idéalisent.
photo Carlotta
DVD 2 :
« Fellini » (1960/1962)
Récit confession de Fellini en quatre parties sur : l’enfance et les débuts, les premiers films, les films avec Giulietta Massima, « La Dolce vita » et le néoréalisme. Un film inédit d’André Delvaux de deux heures, les entretiens étant ménés par Dominique Delouche.
Et aussi…
« Making off de « La Dolce vita » et « Essai de Walter Santesso » paparazzo dans le film (1960)« Ciao, Federico » (1969) + « Fellinikon »
Documentaire de Gideon Bachmann sur le tournage de « Satyricon ». Sur une plage très encombrée, l’équipe du film, les acteurs, les nombreux figurants, les décors farfelus. C’est sans doute sur ce document qu’on voit le mieux Fellini « au travail », omniprésent à l’image, on peut observer vraiment sa méthode pour diriger les acteurs et imaginer son film au fur et à mesure du tournage, les acteurs ne sachant jamais ce qu’ils vont faire une minute avant « moteur ». Fellini parle aux acteurs pendant les prises même si il leur déjà donné multe explications, il est d’une incroyable précision, il voit tout, un peu trop de poussière ici, Magali Noël qui ne danse pas exactement comme il voudrait, plutôt macho avec les femmes d’ailleurs, certaines façons hypermachistes de leur parler ne passeraient heureusement plus aujourd’hui (propos à une actrice qui ne simule pas l’orgasme comme il voudrait). Pas plus indulgent avec les animaux : pour les besoins du film, on supporte la maltraitance d’une pauvre vache… Fellini n’est vraiment amical qu’avec les hommes, certains devenus des amis. Colérique, ludique, rigoureux, ronchonnant souvent sur le temps perdu, les indications mal comprises, les collaborateurs indifférents, etc… Pas vraiment sympathique mais intéressant à observer. Coquet, il déchire une photo que possède une actrice posant avec lui parce qu’il fait trop vieux dessus, il tente de masquer sa calvitie, il change souvent de tenue en fonction de la situation (maillot de bain, chapeaux de paille, masque anti-poussière). Les acteurs principaux vont parler de lui de manière lucide : il est dans son monde, il leur donne multe d’explications sur l’action mais lui seul sait ce qu’il veut filmer, des fantasmes, un monde imaginaire. Visite éclair de Polanski jeune avec son épouse Sharon Tate, guitare ou baignades, quelques moments plus détendus. Bachmann, le réalisateur du documentaire, tournera « aussi « Fellinikon », un court-métrage sur la préparation de « Satyricon ».
DVD éditions Carlotta. Sortie le 4 novembre 2009. Egalement disponible en coffret prestige à tirage limité et numéroté de 2000 exemplaires.
Laisser un commentaire