« Gun crazy » : plus choc que « Bonnie ans Clyde », 20 ans avant…
Pitch
Bart est depuis toujours fasciné par les armes à feu quand, de retour dans sa ville natale après 4 ans de maison de correction, il rencontre Laurie, vedette d'un numéro de tir dans une fête foraine, c'est le coup de foudre.
Notes
Quelle giffle que ce film! Dans la luxueuse collection « Art of noir » éditée ponctuellement par Wild side vidéo, après « La nuit du chasseur » l’année dernière, on livre pour cette fin d’année une perle méconnue du film noir, « Gun crazy ». Dans le coffret DVD un livre de plus de 200 pages écrit spécialement pour l’occasion (principe de cette collection),
ici un passionnant historique du film par Eddie Muller himself, le king du film noir. Un film produit par trois frères (King), anciens bootleggers en quête de respectabilité, à partir d’un livre de MacKinlay Kantor, écrivain à la mode dans les années 50. Mais le scénario qu’il tire de son propre livre n’est pas bon, on appelle à la rescousse un grand scénariste blacklisté, Dalton Trumbo, qui reprend le scénario sous un faux nom, il va reserrer le récit, y intégrer du mouvement, de la vitesse. Et le film est sous tension en permanence, qu’il s’agisse de violence ou de sentiments contradictoires.On découvre Bart Tare enfant qui a la passion des armes mais il tue un poussin dans le jardin et, ensuite, il pleure… De ce jour, le petit monstre veut bien s’entraîner au tir mais il ne veut plus tuer, lors d’une partie de chasse avec des copains Dave et Clyde, il refuse de viser un vieux puma. C’est ce qu’ils témoigneront à la barre car le film démarre par une scène forte, très « film noir » : la rue, la pénombre, la pluie, un gamin fasciné par la vitrine d’un armurier, qui, soudain, la brise pour voler un pistolet mais, alors, surgit l’image immédiate de la répression sous la figure menaçante, dilatée, d’un policier.
Après quatre ans de maison de correction et quelques années dans l’armée contre entraîneur de tir, Bart revient en ville. Avec ses copains retrouvés, Dave et Clyde, dont l’un est devenu chef de la police, Bart s’en va assister au cabaret à un tour de tir : la scène est très sensuelle, Laurie Starr tire avec jubilation, manipulant les armes d’une manière quasiment sexuelle, Bart, fasciné, accepte de tirer en invité sur la scène, on entend tous ces coups de feu, cette tension libidinale qui monte en quasi-temps réel. Le film est très moderne, la photo, les gros plans, les enchaînements, le son réel, la vitesse, l’énergie, tout est incroyablement novateur pour l’époque, d’ailleurs, on dit que Godard s’en inspirera pour son « A Bout de souffle », et on comprend pourquoi.
Laura fait engager Bart dans le cirque où elle fait son numéro, puis, le couple, viré, se marie à la hâte. Bart veut une vie heureuse, Laurie veut de l’argent « par tous les moyens », les coups, dit-elle, elle en assez pris toute sa vie, à présent, c’est à elle de « cogner ». Bart, fasciné par Laurie, la suit et les braquages s’enchaînent. Quand ils ont dépensé tout l’argent volé, Laurie supplie Bart de faire « un dernier coup », il accepte avec cet argument « tu es la seule chose réelle, Laurie, le reste est un cauchemar », ce « dernier coup » se passera dans des abattoirs… où les deux complices se sont fait engager comme employés…
"Gun crazy", quelle gifle! Radical et percutant, hyper-moderne(1950),1 tension non stop, "Bonnie and Clyde" leur doit beaucoup,yc le béret!
— Camille Marty (@Cine_maniac) December 20, 2013
Et aussi
Diffusion
Coffret DVD + Blu-ray, éditions Wild side vidéo, sortie 4 décembre 2013
Livre de 220 pages d’Eddie Muller
BONUS
« Peggy Cummins à bout portant » : entretien mené par Eddie Muller en 2013 lors de la présentation du film au « Festival Noir City » de San Francisco
entretien avec Joseph H. Lewis
analyse d’une séquence par Joseph H. Lewis
« Russ Tamblyn, enfant de la balle » (l’acteur qui joue Bart enfant)
Notre note
(5 / 5)
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