« Hangover » (« Very bad trip ») : une amnésie providentielle
Il y a quelques mois, le responsable du club des 300 blogueurs Allociné nous demandait notre avis sur le futur titre français de « Hangover »…. Finalement le distributeur préféra « Very bad trip » en bon français tablant sans doute sur l’usage du néoverbe « badtripper » qu’on peut lire ici et là… Donc, après une avant-première organisée par Allociné à l’intention de ses 300 blogueurs (le 2 juin) au siège de la Warner à Neuilly, invitation dont j’avais perdu la trace dans le stress du festival de Cannes… j’ai répondu, pour ma part, présente, à celle de l’agence Supergazol d’assister à la projection de presse unique du film au Gaumont Opéra hier soir le 4 juin. En cadeau sur place, un dossier de presse, un dessous de verre et surtout!!! un drôle de tube de crème « Nickel » destiné aux lendemains de fêtes, un « Morning after rescue gel » (gel visage à effet booster)… Ce gel aurait-il suffi à notre quatre héros pour retrouver leurs souvenirs après l’enterrement de la vie de garçon de l’un d’entre eux à la veille de son mariage? Qui sait?
Partis fêter le mariage de l’un d’entre eux le lendemain, quatre copains se retrouvent à trois… Alan, le faux baba-cool, Brad, le séducteur bien dans sa peau et Stu, le dentiste geignard, se réveillent dans une suite du Caesar Palace à las Vegas en ayant perdu la mémoire et aussi le futur marié, Doug… Le dentiste s’est arraché une dent à vif, se retrouvant de surcroît marié à une strip-teaseuse, un tigre a investi la salle de bains et un bébé le salon, etc… Très vite, les trois rescapés se rendent compte qu’en fait de drogue sympa, le dealer d’Alan lui a vendu ce qu’on appelle « la drogue des violeurs ». Une seule piste pour recouvrer la mémoire et retrouver le marié à temps pour la cérémonie : faire une enquête sur leur nuit d’amnésie en partant de quelques indices comme des notes de bar, de casino, etc…
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Et sur l’écran quel bad trip? Le film ressemble à 1h30 de clip sur MTV ou consorts insérant habilement, à intervalles réguliers, des scénettes mettant en mots les affres des quatre célibataires partis faire une virée à las Vegas. Car après chaque scènette correspondant au coeur du récit délivré en tranches, dès que les quatre compères prenent une voiture ou même font quelques pas dans la rue, on déclenche la musique à fond la caisse et l’esthétique clip syncopée… C’est très captivant cette crainte affichée de ne jamais lasser le spectateur, de ne jamais lui donner le loisir de penser même une fraction de seconde, en deux mots, de le distraire de force au sens du mot (de le sortir de lui-même)…
Un film qui ferait passer les frères Farrelly pour Shakespeare où la volonté de faire mieux/pire que les confrères de la nouvelle comédie américaine semble être le véritable moteur de l’entreprise… L’objectif semble avoir été atteint, la salle hilare, même le service de sécurité riait en surveillant les spectateurs… Hormis l’utilisation non stop de l’incontournable et efficace comique de situation (A-t-on trouvé plus drôle que de regarder un tiers prendre une planche dans la gueule en tournant le coin de la rue?), il existe une vraie bonne idée de mise en scène, de mon point de vue : les photos pendant le générique de fin, la révélation du « suspense » très bien amenée par la scène finale où les quatre compères visionnent les photos d’un appareil numérique retrouvé après la bataille…
Au passage, le surtitre de « Very bad trip » : « Ils sont venu, ils ont bu, ils ne se souviennent plus », adaptation fantaisiste de « Veni, vidi, vinci » (phrase qu’on prête à Jules Caesar après une bataille…), n’hésite pas, d’une part, à mixer passé et présent (on aurait mieux vu « ils sont venu, ils ont bu, ils ne se sont plus souvenu… »), d’autre part, à banaliser l’alcoolisme présenté comme le responsable de l’amnésie (« ils ont bu », rien de grave, quand on verra qu’il s’agit plutôt d’une drogue proche de l’ectasy, mais qu’on ne s’inquiète pas, le pire a été évité car personne ne fume dans ce film!). Intéressant comme dans tous ces films on ne montre rien que de politiquement moralement correct en faisant mine du contraire, la trivialité et la parlotte crue s’étant substitué à la subversion vraie. Bienvenue aux States!
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