« L’Anniversaire de Leila » : une journée particulière

Rashid Masharawi, sortie 22 juillet 2009

Afin de rentrer à l’heure pour l’anniversaire de sa fille de 7 ans, Abu Leila va vivre une journée particulière qui ne l’est pas tant que cela en Palestine où la vie quotidienne tient souvent du

parcours du combattant. En prenant pour héros un ancien juge revenu au pays  pour aider à sa reconstruction, obligé de faire le taxi avec la voiture de son beau-frère, le réalisateur pose en un seul personnage le problème de la Palestine aujourd’hui : la confrontation entre la loi, l’ordre, et le chaos imputable à l’état de guerre permanent.Abu Leila, féru d’application des lois et de discipline, va passer sa journée en taxi à rappeler les règlements : mettre sa ceinture de sécurité, ne pas fumer dans les lieux publics, à des passagers qui s’en fichent, préoccupés par d’autres priorités. Refusant de conduire des clients aux check-points, fustigeant les jeunes gens portant des armes, passant chaque matin se plaindre au ministère de la justice en réclamant un poste de juge, Abu Leila se comporte un peu en étranger chez lui, parachuté dans un pays où il n’a pas vécu assez longtemps pour comprendre le pourquoi du comment.
—–


photo CTV international

Le film est un town-movie, on roule en taxi avec Abu Leila, ce qui est l’occasion de voir la vie quotidienne en Palestine dans une grande ville, les commerces, les cafés, les préoccupations des habitants (chaque client du taxi a une demande spécifique en relation avec leur vie quotidienne, aller à l’hôpital, se rendre au check-point, être seuls au monde pour deux amoureux, etc…). Quelques situations sont même franchement burlesques comme ce policier qui arrête le taxi d’Abu Leila parce qu’il cherche une voiture d’occasion à acheter. Une existence ordinaire ponctuée parfois par une explosion mortelle qu’on redoute mais qui ne décourage pas de mener une vie quasiment normale, de se déplacer en ville courageusement comme si de rien n’était, comment on vit avec la guerre.
 


photo CTV international


Débordé par ce périple, Abu Leila finira par recycler le fruit de ses ennuis de la journée en cadeaux d’anniversaire, comme ce bouquet de mariée d’un cortège qui l’a viré de la rue…Très court (71′), le film est assez captivant, on a vraiment l’impression de pénétrer en territoire inconnu, d’être immergé dans la ville d’une Palestine dévastée mais dédramatisée par rapport aux images qu’on voit à la télévision en France, où le facteur humain et la vie prennent le dessus.
le réalisateur Rashid Masharawi avait déjà présenté à Cannes « Couvre-feu » (Semaine de la critique) en 1993 et « Haifa » (sélection officielle) en 1996. Malgré la diffusion internationale de ses films et leur reconnaissance critique (

comme aussi « Un Ticket pour Jerusalem » en 2002 ou le récent documentaire « En Direct de Palestine »), Rashid Masharawi tient à continuer à vivre et produire ses films sur place, chez lui en Palestine.

 

Notre note

4 out of 5 stars (4 / 5)

Mots clés: , , ,

Partager l'article

Lire aussi

Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

Laisser un commentaire

Votre email ne sera pas publié. Remplissez les champs obligatoires (required):

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Back to Top