« L’Apollonide » (« souvenirs de la maison close ») : les lendemains de fête
Bertrand Bonello, sortie 21 septembre 2011
Pitch
A l'aube du XX° siècle, une prostituée d'une maison close haut de gamme est défigurée par un client ; l'après-accident sonne le début de la fin. Portrait de l'intérieur d'un lieu clos où les prostituées vivent un peu comme des pensionnaires et partagent leurs espoirs et désespoirs.
Ces souvenirs de la maison close » l’Apollonide » sont lugubres, je ne vois pas d’autre mot. Dans des décors d’époque (XIX°), des robes très belles, des personnages crédibles de prostituées pensionnaires de la maison close, on filme des instants de vie sur deux époques, avant l’accident vers 1890, et après vers 1900. L’accident, c’est la synthèse d’un certain nombre de références, encore un homme avec une petite boite, comme celle du japonais de Madame Anaïs dans « Belle de jour » qui terrifie les prostituées, mais ici, on a affaire à un client, apparemment schizophrène, qui va défigurer une prostituée qu’il connaît bien, dont il est un « habitué » pour lequel elle a des sentiments forts, après qu’elle lui ait raconté un rêve précis, une blessure typiquement « Dalhia noir », la tension monte quand elle lui propose de le rejoindre dans une chambre aux rideaux noirs. La blessure atroce lui ouvre une bouche immense d’une oreille à l’autre, la carrière de Madeleine, dit « la juive », est finie.
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Ensuite, seconde époque, c’est le début de la fin, la prostituée centrale est devenue trop vieille (28 ans), le notaire propriétaire des murs de la maison close veut augmenter le loyer dans des proportions drastiques, la « Madame » (Noémie Lvovsky) ne peut plus payer. On poursuit les allers et retours avec la belle époque de « l’Apollonide » au fait de sa gloire, ses prostituées chics, propres, subissant des contrôles de santé, son ambiance pensionnat des toutes ces filles ensemble sympa les unes avec les autres, rêvant qu’un client rachète leurs dettes et les épouse.
photo Films distribution
Comme on pourrait le dire de bien d’autres films en ce moment, le film une longue succession de tableaux qui dure deux heures, avec un souci réaliste de montrer l’intimité des prostituées quand elles se lavent, tentent de désinfecter leur corps, dorment ensemble après les nuits avec des clients, fument de l’opium pour tenir le coup. Le fil narratif, c’est donc Madeleine, la prostituée défigurée qu’on finira, pour renflouer la maison close en faillite, par louer très cher dans des orgies huppées où des grandes bourgeoises veulent des monstres. Mais pourquoi tous ces films sont-ils d’autant plus longs qu’il n’y a pas grand chose à raconter?
article publié le 18 mai 2011 sur le blog spécial www.cinemaniacannes.fr après la présentation du film au festival de Cannes…
Notre note
(3 / 5)
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