« L’Heure du crime » (« La Doppia ora ») : tentative de thriller réaliste
Giuseppe Capotondi, sortie 4 aout 2010
Pitch
Une employée d'hôtel et un ancien policier, devenu vigile, se rencontrent et débutent une relation amoureuse. Mais l'homme est tué sous les yeux de la jeune femme lors d'une prise d'otages.
Présenté comme un thriller italien qui aurait tout d’un Hitchcock par la presse transalpine, ce film est pour le moins déroutant. D’abord, le titre est mal choisi, « La Doppia ora » veut dire « L’Heure double » et pas l’heure du crime même si… Ensuite, adoptant d’entrée un ton réaliste, la manière de filmer, les situations des personnages, l’interprétation, le film s’enlise dans un style qu’il va avoir du mal à quitter…
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photo Bellissima
Car c’est d’une histoire à tiroirs qu’il s’agit, des revirements de situation incessants s’emboitant comme des poupées russes. Le scénariste semble, d’une part, être influencé par bon nombre de séries US contemporaines (le jeu de translation rêve/réalité est à la mode!), d’autre part, fasciné par le personnage de la femme fatale propre au film noir des années 50 qu’il essaye de transplanter ailleurs (un peu comme l’écrivain qui voudrait ré-écrire « Madame Bovary » en supprimant Monsieur Bovary…) Une transplantation qui ne prend évidemment pas. Un récit plus près d’Agatha Christie que du thriller s’il fallait chercher une filiation… Et toujours cette absence de stylisation, cette atmosphère réaliste, peut-être la qualité du film, son originalité, qui aurait pu donner quelque chose si le réalisateur avait évité le film de genre.
photo Bellissima
Sonia rencontre Guido lors d’une soirée de speed-dating, elle est femme de chambre dans un grand hôtel, il est gardien d’une propriété privée, ancien flic désabusé. Sonia et Guido démarrent une relation amoureuse qui les mène dans la propriété en question où il travaille, patatras! un commando cagoulé les prend en otages : Guido est tué, Sonia blessée, transportée à l’hôpital. C’est ensuite que ça se gâche… Pour noyer le spectateur, façon la vie n’est qu’une façon de rêver la réalité, on propose plusieurs versions de la suite de l’histoire où finalement les morts ressusciteraient les uns après les autres, ce qui est un thriller faux pas … (il faut savoir tuer ses personnages, c’est la moindre des choses…) Quant au final type « La Veuve noire » ou « Body heat », autre greffe transformant une victime en aventurière, n’en jetez plus!Les qualités du film : le style, l’interprétation : Filippo Timi (Guido) vous dira quelque chose, c’était Mussolini dans « Vincere » de Bellocchio. Kesnia Rappoport, actrice atypique avec beaucoup de charme et un regard vert félin, avait déjà été vue (par moi…) dans « La Sconosciuta » de Tornatore. Amateurs de thriller s’abstenir, pour les autres, avec un Pass permanent en ou gagnant une place pour aller le voir***, pourquoi pas…
Notre note
(2 / 5)
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