« L’Uomo in più » : l’homme surnuméraire
Pitch
Dans les années 80 à Naples, une star du foot et un crooner en vogue, portant le même nom mais ne se connaissant pas, vont avoir le même destin : la gloire, la chute, l'oubli.
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photo Bellissima
Antonio, joueur star de foot, refuse un jour de se laisser acheter pour un match truqué, il est éjecté d
u terrain après blessure par un coup malencontreux, il n’y retournera plus, on le retrouve à l’hôpital. Pourtant, Antonio espère sa reconversion dans le foot et être un jour entraîneur de l’équipe de Naples, il s’y prépare quatre ans durant mais le staff n’en veut pas et son épouse le pousse à devenir agent d’assurances.Tony accumule les conquêtes qu’il choisit parmi ses admiratrices, il faut voir l’extraordinaire Toni Servillo, avec sa coupe de cheveux casque et petite frange, dire à une femme mariée dans sa loge après le spectacle qu’elle a une jolie robe qu’il verrait bien pliée sur la chaise près de son lit… Un soir, Tony est piégé par une jeune fille délurée dont il ignore qu’elle est mineure. Avec la cocaïne à laquelle il est addict, ça fait beaucoup, il est mis sur la touche. Son agent le boycotte, il a une drôle de bosse sur la tête et le poids d’un frère mort « à sa place », d’après sa mère, qui le hante. Mais Tony, en prison, a appris à cuisiner le poisson, il se met dans la tête de racheter un restaurant de poisson sur la plage afin de se reconvertir.
photo Bellissima
« L’Umo in piu » tient son titre d’un placement de joueurs sur le terrain qu’a imaginé Antonio quand il bûche naïvement pour être recruté comme entraîneur, ne comprenant pas qu’on ne veut pas de lui parce qu’il ne joue pas le jeu de la corruption, qu’il est triste, comme finira par lui dire l’odieux patron du club de foot. Dans cette configuration en losange, un défenseur vient en appoint de trois attaquants, eux-même en triangle, pour former un losange, c’est « l’homme en plus », comme l’est devenue l’ancienne star du ballon ; cette idée de génie d’Antonio, drôle et pathétique, résume en elle-seule tout l’esprit de la tragi-comédie italienne et, en particulier, la vision très stylisée et féroce qu’en a Sorrentino comme on le verra plus tard dans « L’Ami de la famille », film mal aimé pourtant brillant et inventif.
photo Bellissima
Paolo Sorrentino dont c’est le premier film (2001), que le distributeur Bellissima a la bonne idée d’exhumer des cartons pour le présenter en France, a depuis fait son chemin sur la scène internationale, notamment en étant sélectionné quatre fois en compétition officielle au festival de Cannes : en 2004 pour « Les Conséquences de l’amour », en 2007 pour « L’Ami de la famille », en 2008 pour « Il Divo » (Prix du jury avec Toni Servillo à nouveau), en 2011 pour « This must be the place », film tourné en Amérique et en anglais où, expatrié, focalisé sur Sean Penn qu’il peine à diriger, ce dernier cabotinant à mort, le réalisateur échoue à transposer son univers au delà des Alpes.Pour ma part, je trouve que les premiers films de Paolo Sorrentino étaient meilleurs que les derniers, plus (trop) ambitieux. Il faut voir cet « Uomo in più », drôlissime et poignant, leçon de mise en scène d’un réalisateur surdoué et impitoyable qui observe son pays à la loupe grossissante, déformante, avec une originalité de ton comme on en voit peu dès son premier essai qui est un coup de maître.
Notre note
(5 / 5)
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