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« La Crème de la crème » : de Houellebecq à la comédie sentimentale
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Pitch
Trois étudiants d'une des meilleures écoles de commerce vont passer de la théorie à la pratique en matière de régulation de marché (sexuel)
Notes
Le réalisateur Kim Shapiron deviendrait-il sentimental? Avec un sujet épineux, la gestion d’un réseau de prostitution par des élèves d’une grande école, il démarre sur un ton franchement Houellebecquien et termine en comédie sentimentale. Un peu comme dans « Extension du domaine de la lutte » (et, en filigrane, de toute l’oeuvre de MH), il y a cette inégalité congénitale et sociétale devant le succès, la séduction : ici, deux copains peu fortunés, et matériellement et physiquement, se rendent compte que pour attirer des belles filles, il faut d’abord parader avec une bombe… Et tout comme l’argent va à l’argent, les autres filles suivront…
Procès du monde des grandes écoles, « La crème de la crème », les élèves, élite de demain, ne sont pas là pour suivre les cours mais « networker » (se faire des relations, un réseau), il y a ceux qui ont « fait prépa » et ceux qui ont été admis sur dossier comme Kelly. Il y a ceux qui galèrent et ceux des clubs fermés, le plus fameux étant le BDE (bureau des élèves). Tandis que Jaffar lance l’idée de sortir avec une super-bombe pour devenir un séducteur, son meilleur ami, Dan, complexé, ni beau ni sexy ni riche, se lie avec Kelly, jolie blonde effrontée, qui se dit gay, et un type du BDE, Louis, habitant le Versailles chic… Le premier sort du jeu et les trois autres, Dan, Kelly et Louis vont prendre à la lettre les conseils de leur prof principal sur la (dé)régulation du marché (sexuel), donc fignolent un business plan appliqué à la prostitution… devenant proxénètes au sein de l’école avant d’étendre leurs activités aux écoles voisines… La tête pensante, c’est Kelly qui recrute d’abord elle-même les futures prostituées d’un soir, jeunes femmes employées dans un bar ou le rayon parfumerie d’un grand magasin. Perverse, Kelly leur raconte une vie à déchoir, un no future où, plus vieilles, elles ne seront même plus jolies car leur valeur à elles est uniquement leur beauté (« T’es belle, c’est ça ton vrai CV! »). En deux mots, les belles filles vont voir leur capital beauté décroître et les élèves masculins de l’école leur capital bancaire augmenter avec l’âge, inégalités à tous les niveaux…
"La Crème de la crème" part du modèle Houellebecq avec un excès de sentimentalisme qui va crescendo, dommage… (n'a pas osé?)
— Camille Marty (@Cine_maniac) March 20, 2014
Et aussi
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Notre note
(3 / 5)
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