« La Reine des pommes » : larguée, aucun mode d’emploi
Valérie Donzelli, sortie 24 mars 2010
Pitch
Plaquée brusquement par l'homme de sa vie, sur les conseils d'une cousine, une trentenaire effondrée tente de l'oublier en couchant avec d'autres hommes mais le coeur n'y est pas...
Une comédie sur la rupture, rien de bien original? La comédienne Valérie Donzelli a tenté sans prétention de livrer sa version des faits en montrant la femme plaquée telle qu’elle perçoit le monde après un cataclysme amoureux : larguée brutalement par Mathieu, Adèle est une épave qu’on transporte comme un paquet. Sa voisine la confie dans un parc à un étudiant inconnu, Pierre, qui la garde comme une enfant triste. Amenée ensuite chez une cousine, Rachel, qu’elle connaît peu, cette dernière suit le mouvement en la déposant à la garde de Pierre au parc tandis qu’elle part travailler…
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photo Shellac
Puis, ça s’arrange, un peu, Rachel, que l’intrusion d’Adèle dérange dans son train-train, lui trouve un petit boulot : baby-sitter chez la photographe dont elle est l’assistante, mais « mon mari vous raccompagne », Jacques, craque pour Adèle. Autant le beau Pierre apparaissait à Adèle comme un homme asexué, une sorte de grand frère, Jacques, plutôt ingrat et nerveux, lui apporte l’orgasme qu’elle n’avait jamais connu avec Mathieu, mais Adèle ne l’aime pas plus pour autant… Paul, l’homme fantasme, présent/absent, apporte son lot de sensations fortes formatées (les yeux bandés, coucher avec un autre homme devant lui…) Malheureusement, ça va déclencher un drame vaudevillesque.. Pierre, Jacques ou Paul, les tentatives de coucher avec un autre homme que Mathieu, comme l’y a engagée fermement sa cousine, sont des échecs, dans chacun d’eux, Adèle voit une variante de Mathieu (le même acteur joue les 4 rôles).
photo Shellac
Très inspirée par la nouvelle vague, les échanges sont souvent Rohmeriens (Pierre), le fond franchement Truffaldien (se mourir physiquement d’amour), la forme parfois du côté de Demy avec l’insertion de quelques chansons par ci par là (moins bienvenues car trop ou pas assez, bien que mélodiques, les arrangements signés Benjamin Biolay).Film à petit budget, tourné avec les moyens du bord, « La Reine des pommes » a un ton, un style, un petit brin de folie ; mine de rien, le film ose des thèmes sensibles qu’il recycle tel le handicap de la tante Rachel, un oeil malade qui n’a rien à voir avec le sujet principal du film mais est mis à profit pour servir de lien entre les deux femmes qui vont se rapprocher, s’apprécier, comme ce jour où Rachel, qui ne supporte pas une femme dans son lit, change d’avis, celui où elle renconce à porter des lunettes noires, le couple des deux cousines avec la naissance à petits pas de la confiance est assez touchant, l’amitié serait une forme apaisée de l’amour… C’est un film attachant, discrètement différent,Valérie Donzelli a un regard d’artiste sur la vie, maniant humour, lucidité et imagerie des perceptions.
photo Shellac
Sélectionnées à la Quinzaine des réalisateurs en 2008 pour son court-métrage « Il fait beau dans la plus belle ville du monde », Valérie Donzelli, architecte de formation, plutôt remarquée jusqu’alors comme actrice (Martha… Martha », « Entre ses mains », « 7 ans »), réalise ici son premier long-métrage où elle joue le rôle principal.
Notre note
(3 / 5)
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