« Le Premier qui l’a dit » (« Mine vaganti ») : le sud
Ferzan Ozpetek, sortie 21 juillet 2010
Pitch
Dans une famille d'industriels du sud de l'Italie, le frère cadet, aspirant écrivain, s'apprête à faire son coming out quand l'aîné le devance. La famille effondrée, le plus jeune se tait et accepte de travailler à la fabrique de pâtes.
Une avant-première de ce film aura lieu dans le cadre de Paris-Cinéma le 6 juillet à 21h au Gaumont-Parnasse
Les italiens demeurent les maîtres inégalés de la tragicomédie, quelque soit le sujet de fond. Ici, le thème de société de la révélation de son homosexualité par le fils d’une famille traditionnelle de l’Italie du sud, devancé par son frère aîné, lui-même gay, est traité sur un mode souvent très drôle tout en épinglant un certain nombres de vérités, en dénonçant les préjugés, et ça sonne juste. Tommaso, le frère cadet, habite Rome où il écrit des romans, refusant de travailler dans la célèbre fabrique de pâtes familiale. Un repas de famille coincé chez les Cantone, où l’on fait des plaisanteries vaseuses sur les homosexuels, va être l’occasion pour Tommaso de tenter son coming-out, patatras, c’est Antonio, le frère aîné, qui, mis dans la confidence, lui vole la vedette et avoue 30 années de mensonges, une liaison avec un employé de l’usine, Michele, qu’il a fait renvoyer autrefois pour éviter le scandale.
—–
—–
photo Pyramide
Antonio chassé de la maison aussitôt par le père, ce dernier fait un infarctus, puis, supplie Tommaso de prendre sa place à la fabrique de pâtes. D’autant que la famille Cantone vient de s’associer à une famille amie dont la fille, Alba, compte bien s’investir à 200% dans les pâtes. Tommaso accepte de rester à Lecce quelques temps en traînant les pieds, n’osant même pas parler de sa vocation d’écrivain pour ne pas « tuer son père ».A y regarder de plus près, tout n’est pas straight dans la famille Cantone, la belle-soeur, plantureuse rousse à lunettes, passe des soirées dans sa chambre à s’admirer en lingerie de satin noir et taquine la bouteille, nostalgique de ses années de débauche à Londres ; la grand-mère diabétique cache un secret amoureux obsédant, son mariage avec un homme auquel elle préférait son frère Nicola, la scène de son mariage de l’époque, dramatique, revenant en boucle. Le mari de la soeur, napolitain méprisé par son beau-père, n’est pas insensible à un ami romain de Tommaso. Le père, lui-même, se console avec une maîtresse très laide experte en massages. Seule la mère, autoritaire maîtresse de maison, n’ayant jamais vraiment regardé chez ses fils, tente de nier l’évidence.
photo Pyramide
Alba, longue tige glacée, va s’avérer différente, solitaire, orpheline de mère, et tomber amoureuse de Tommaso qui se laisse aimer en silence tout en poursuivant sa liaison avec Marco, son compagnon, débarqué de Rome avec des amis qu’on accueille à bras ouverts dans la famille Cantone. A cet instant du film, l’arrivée du groupe de copains gays essayant de passer pour des hétéro, ça tourne un peu à « Pédale douce », c’est la fête à la maison, à la plage, musique! (dernier tiers du film) Cependant, l’histoire se ré-écrit, après le triangle amoureux de la grand-mère qui va laisser la place, Tommaso va en former un autre avec Marco et Alba, du moins, on l’imagine.
photo Pyramide
C’est très drôle et bien observé, un peu outré sur la fin, le père est tordant, sanglotant sur un vieil album photo de l’enfance de ses fils, riant nerveusement en allant déjeuner avec Tommaso pour vérifier qu’en ville on se sait rien sur les vraies raisons du départ d’Antonio, dramatisant, borné, macho, pétrifié par la peur du regard des autres, emmuré dans ses préjugés, représentant d’un sud anachronique vivant comme au siècle dernier, la ville de Lecce dans les Pouilles opposée à Rome, la moderne. Pour ne rien gâcher, les deux acteurs qui interprètent les deux frères sont très beaux, regard bleu ciel, cheveux bruns, Tommaso (Riccardo Scamarcio) et Antonio (Alessandro Preziosi), de l’autre côté des Alpes, c’est autre chose…site officiel…
Notre note
(4 / 5)
Laisser un commentaire