Le retour en salles des dinosaures, Woody Allen « You will meet… » et Oliver Stone « Wall St, money… », l’un s’allège, l’autre s’alourdit
« You will meet a tall dark stranger » (« Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu ») de Woody AllenPitch.
Deux couples, les parents, Helena et Alfie, leur fille Sally et son mari Roy, se défont dans la quête illusoire d’une nouvelle vie plus excitante avec d’autres compagnons.
En fait, « You will meet a dark tall stranger » n’est pas désagréable à regarder, en premier lieu, à cause de la présence de Naomi Watts, d’un casting excellent avec notamment Anthony Hopkins. C’est léché, léger, faussement léger, drôle, pas trop. Depuis quelques temps chez WA, la figure du psy a été remplacée par d’autres thérapeutes bidon que le réalisateur dénigre pareillement : ici, on a affaire à une fausse voyante qui embobine la mère de Naomi Watts avec des prédictions qui deviendront parfois réalisantes.
photo Warner
photo Warner
« Wall Street, money never sleeps » (« Wall Street, l’argent ne dort jamais ») d’Oliver StonePitch.
Un jeune trader s’allie à son futur beau-père, ancien escroc de la haute finance qui sort de prison, afin de venger le suicide de son mentor après la faillite de sa banque.
En revanche, chez Oliver Stone, c’est de plus en plus lourd… « Wall Street, money never sleeps » est un mix de cinéma bonne conscience, ayant pour objectif de dénoncer les responsables de la crise des subprimes lors du krach financier de 2008, et de fascination pour ceux qu’on dénonce, les milieux de la haute finance, ce cercle fermé qui demeure à jamais pour Oliver Stone apparenté à l’Olympe (où l’on achète une bague de fiançailles chez Bulgari en réclamant le secteur clientèle privée). Un conte moral bis, 22 ans plus tard, assorti de l’éloge un peu niais de la réconciliation familiale : dans le jeune couple formé par
Carrey Mulligan et Shia LaBeouf, il y a la figure récurrente du père, le père à qui on pardonne (pour elle), la figure du père qu’on veut venger (pour lui). Quand on sait que le père d’Oliver Stone était agent de change à New York, on comprend mieux l’ambiguité.
photo Fox
photo Fox
Pendant ce temps, Gekko parcourt le pays pour vendre son livre « La cupidité est-elle une bonne chose? » (« Greed is good ») et noue des relations compliquées avec son futur gendre dans le dos de sa fille dans le but de se réconcilier avec elle. Là, on en rajoute encore, Gekko est-il capable de renoncer à refaire fortune pour se rapprocher de sa fille? Non, parce qu’il la roule, oui, parce que l’échographie de sa fille enceinte lui rappelle qu’il va avoir un héritier de seconde génération. Donc, on mélange tout dans ce film, la cupidité mortelle de la haute finance, qui tue aussi sûrement que la mafia, et les bons sentiments familiaux qui donneraient le la de ce que serait la « vraie vie » si on renonçait à l’ivresse du pouvoir.
Plus le film avance, plus on oublie les crimes financiers au profit des violons de la famille, que c’est lourd dans le fond et la forme (le fantôme de Lou Zabel quand Jake prend le métro, par exemple…) Le couple formé par Jake et Winnie est angélisé au possible : ambitieux, il voudrait rafler tout l’argent de Wall St MAIS avec des intentions louables, la caution du professeur Masters, savant qui fait des recherches sur l’énergie verte renouvelable, Jake voudrait donc faire fortune pour le bien de la planète (un idéaliste hyper-pragmatique…) Allergique à l’argent, Winnie, elle, a monté un site web d’info à but non lucratif, qui trouvera son utilité pour venger cette crapule de Lou Zabel que son suicide a transformé en martyr. On a trouvé mieux quand la mère de Jake (Susan Sarandon), reconvertie dans l’immobilier spéculatif, ce qui contrarie son fils question image positive de la mère, va retourner travailler à l’hôpital comme infirmière à la fin du film… (bon, elle a quand même sous le coude quelques maisons à vendre…)
PS. Les formules subtiles d’Oliver Stone : l »argent ne dort jamais comme les putes… la seule chose verte, c’est le dollar… La cupidité, c’est bien… etc…
Notre note
(4 / 5) (2 / 5)
Laisser un commentaire