« Les Parents terribles » : drame vaudevillesque

Jean Cocteau, 1948, sortie DVD 5 mai 2010

Pitch

Victime d'une mère abusive, un jeune homme de 22 ans, tombe amoureux d'une jeune fille de son âge qu'il voudrait présenter à sa famille. Mais cette dernière est également en secret la maîtresse de son père...

Sortie le 5 mai 2010 de deux DVD de Jean Cocteau : « Les Parents terribles » et « L’Aigle à deux têtes » considéré comme son chef d’oeuvre. Au risque d’en choquer certains, je ne suis pas plus attirée

au cinéma par Jean Cocteau que par Sacha Guitry dont j’aime les textes mais dont je trouve les films trop « théâtre au cinéma » pour mon goût. C’est absolument le cas de ces « Parents terribles », véritable pièce vaudevillesque qui va tourner au drame après maints rebondissements, brillantes tirades et nombreux échanges. Heureusement, excepté Jean Marais, interprétant dans l’outrance d’un rôle d’homme-enfant parlant à 22 ans comme à 8 ans, les actrices sont plutôt naturelles compte tenu du contexte et de l’époque.
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photo TF1 vidéo

Le récit démarrant par le faux suicide d’une mère abusive est plus noir qu’il n’y paraît. Yvonne, que son fils Michel appelle Sophie pour jouer, est la caricature de la mère possessive, cette tentative de suicide première ayant pour motif que son fils de 22 ans n’est pas rentré de la nuit. Quand Michel revient au matin, c’est pour raconter à sa famille son bonheur d’être amoureux d’une jeune femme, Madeleine… La réaction de sa mère, rongée de jalousie, ne se fait pas attendre, elle s’effondre. Plus étonnant, le père est accablé. C’est qu’il a compris que Madeleine n’est autre que sa jeune maîtresse dont sa femme et sa belle-soeur ne savent rien. Leo, la soeur d’Yvonne, est un personnage central dont on apprend rapidement que c’était elle au départ qui devait épouser Charles, le mari d’Yvonne ; délaissée, elle s’est sacrifiée mais habite avec le couple, s’étant rendu indispensable, ne serait-ce que financièrement pour faire tourner « la roulotte », c’est ainsi que tous appelent cet appartement bohème. Leo a une idée, faire semblant d’aller rencontrer Madeleine chez elle en délégation familiale, le père, la mère et la tante, et la décourager d’épouser Michel… Mais cette visite stratégique va révéler bien des sentiments plus ou moins nobles aux intéressés eux-mêmes et aux autres, le père se comportant en amant répudié, la tante Leo prenant finalement le parti de Madeleine…
 


photo TF1 vidéo

La démonstration du mélange des sentiments contraires
et de l’ambiguité du coeur (la tante Leo dit qu’il ne faut pas trop chercher le fond des coeurs) est la part la plus intéressante du film. Si Leo éprouve une sympathie immédiate pour Madeleine chez qui elle retrouve l’amour du rangement, elle est également désappointée par le comportement de Charles, qu’elle aime toujours en secret, et va  faire volte-face pour le séparer de Madeleine. Mais ce revirement soudain va séparer sa soeur Yvonne de son fils Michel alors qu’elle lui avait promis le contraire.. Leo, la reléguée, la vieille fille, va finalement tout diriger et trouver une revanche sur la vie au delà de ses espérances, partagée entre son affection et sa rancune pour sa soeur qui n’a pas rendu Charles heureux en ne s’occupant obsessivement que de Michel (la manière dont la mère se fiche d’être trompée par son mari au point de ne pas l’entendre est piquante). 


photo TF1 vidéo

Yvonne, la mère, et Leo, la soeur, sont deux actrices vraiments brillantes, la première , Yvonne de Bray, ressemble un peu à Gaby Morlay matinée de Simone Signoret (la même voix), la seconde, Gabrielle Dorziat, a la classe, grande actrice. Le DVD comporte en bonus des essais de Jean Marais avec différentes actrices dont certaines ne seront pas retenues pour le film et, comme dans le film, il est beau et touchant de bonne volonté mais pas du tout un grand acteur à ses débuts, ces documents, amusants à regarder pour le profane, sont assez exceptionnels pour les amateurs. Second bonus, les confessions de Claude Pinoteau, alors second, puis premier assistant sur le film, parlant de la manière d’être et de travailler de Jean Cocteau.
PS. à noter que l’adaptation du livre de Cocteau « Les Enfants terribles » (et non pas les parents…) sera un des premiers films de JP Melville.

DVD TF1 Vidéo. Sortie le 5 mai 2010.
« Les Parents terribles ». Bonus : « L’apprentissage de la mise en scène », souvenirs de Claude Pinoteau. De nombreux essais inédits de Jean Marais pour le film avec Yvonne de Bray et Marie Déa (la première jouera Madeleine, la seconde sera engagée plus tard par Cocteau).
« L’Aigle à deux têtes ». Bonus : « Accessoires et aventures equestres »,
souvenirs de Claude Pinoteau.

 

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Posted by:

Camille Marty-Musso
Créateur et responsable éditorial du site www.cinemaniac.fr, en ligne depuis janvier 2006.

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