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« Même la pluie » (« También la lluvia ») : l’eau et l’or
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Pitch
Une équipe de film s'installe en Bolivie pour tourner l'histoire des conquistadors. Confrontés à une révolte de la population à qui on veut restreindre l'accès à l'eau potable, leur regard sur le pays va changer.
Réaliser un film sur le tournage d’un film est toujours périlleux, surtout quand ici on complique les choses en tournant trois films, en faisant se correspondre deux époques, le XVI° siècle et les années 1999/2000. Explication : une équipe de tournage arrive en Bolivie pour réaliser un film sur Bartholomé de Las Casas, prêtre dominicain espagnol célèbre pour avoir dénoncé les pratiques des colons espagnols et pris la défenses des indigènes d’Amérique. Un peu comme dans le film « Cabeza de vaca » (sortie le 22 décembre), qui se passe à peu près à la même époque, où Alvar Nunez Cabeza de vaca, conquistador ayant fait naufrage avec son expédition, devenu ensuite chaman lors de sa captivité, prendra la défense des indiens d’Amérique, s’opposant et à son pays et à l’église catholique espagnole. Il faut croire que le sujet inspire les réalisateurs car ces deux films sont superbes.
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photo Haut et Court
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photo Haut et Court
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photo Haut et Court
Si, compte tenu de l’état d’esprit du réalisateur à son arrivée en Bolivie, on aurait mieux vu Sebastian se rapprocher naturellement de Daniel, c’est Costa, le producteur cynique, qui va être touché par le combat pour l’eau du syndicaliste et prendre conscience viscéralement de la pauvreté de la région, les deux hommes vont apprendre à se connaître et nouer une amitié quasiment muette. Le milieu du cinéma est bien observé, le réalisateur est finalement plus obsédé par son film que le producteur, faisant passerle cinéma avant tout, beaucoup moins compassionnel que prévu, les acteurs demeurent des acteurs cabotinant volontiers, peu en prise avec la réalité.
C’est un film harmonieux, très beau, fluide, si personnellement, je préfère un film comme « Cabeza de vaca » avec l’immersion totale dans l’époque des conquistadors et que je ne suis pas fan en général des allers et retours entre hier et aujourd’hui pour mettre deux époques en correspondance, dans « Même la pluie », ça tient la route, ce qui est très rare. En bonus, les fans de Gaël Garcia Bernal pourront admirer son regard vert dans la lumière de Bolivie…
« Même la pluie » a été sélectionné par l’Espagne pour postuler à l’Oscar du meilleur film étranger.
Notre note
(4 / 5)
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