« Meurtre à l’italienne » (« Un Maldito embrollo ») : polar noir chez les romains
Pitch
Après un vol de bijoux dans un immeuble cossu de Rome, on soupçonne la domestique de la victime et son fiancé. Peu de temps après, la voisine de palier, qui employait aussi la jeune femme, est assassinée...
Drôle de film que ce « Meurtre à l’italienne » inspiré de Simenon qui possède la trame du film noir mais aussi clairement une assise sociale en s’immergeant dans toutes les couches de la société romaine de la fin des années 50 à l’occasion d’un crime et d’une enquête classique. Et une pincée d’humour noir où
le réalisateur interprète principal Pietro Germi parodie les codes du film noir jusqu’à camper un commissaire de police portant des lunettes noires.
—–
Dans un immeuble bourgeois de Rome, un vol de bijoux « de famille » est commis chez un certain Anzaloni, vieux garçon frileux, le voleur prend la fuite, on s’agite, on hurle, un ancien colonel tire des coups de feu au plafond (le plâtre lui tombe sur la tête, toujours ce petit détail loufoque des films italiens). Aussitôt, on soupçonne Assunta, la jolie domestique qui travaille chez la victime mais aussi chez sa voisine de palier, Liliana Banducci. Cette dernière, bien que mariée, est souvent seule, liée à Assuntina qu’elle défend. Peu de temps après, Liliana Banducci est assassinée chez elle à l’arme blanche, découverte par un cousin faux médecin qui en profite pour dérober une lettre avant de prévenir la police.Le couple formé par le commissaire Ingravallo, tourmenté, sombre, et son épais subordonné sicilien mène l’enquête…
Le film comporte peu de scènes d’action, c’est l’enquête type Maigret après un meurtre mais transposée dans l’agitation romaine avec une successions d’interrogatoires, de conversations, de supputations, de lamentations. En revanche, on se déplace d’une couche sociale à l’autre en changeant de lieu, l’insertion topographique mobile du récit permet de traiter à la fois le volet polar et les spécificités sociales des personnages : l’immeuble bourgeois fermé, le club de Jazz, la périphérie sordide de Rome, les quartiers populaires, le cabinet médical du cousin où une pin-up fait des UV, les locaux et rouages de la burocratie policière.
photo Carlotta
La poupée préférée de Liliana offerte par son père, les très jeunes filles qu’elle recueille chez elle, les deux chambres à part dans l’appartement, le vieux garçon qui vit seul depuis la mort de sa mère, inquiet surtout qu’on ait qualifié sa robe de chambre d’excentrique dans le journal local, le portrait du mari de Liliana dans la salle de bains portant le calot fasciste, beaucoup de petits détails dessinent la psychologie des personnes et plongent le spectateur subtilement dans leur intimité.Le panorama social au même niveau que l’intrigue, le film n’oublie pas pour autant de tenir le spectateur en haleine qui attendra la fin pour savoir qui a tué Liliana Banducci et pourquoi… Un petit rôle interprété par l’inoubliable Eleonara Rossi-Drago (« Eté violent » de Zurlini, merveille de film…). Claudia Cardinale, très sobre et juste, dans le rôle d’Assuntina.
DVD Carlotta. Parution de 3 DVD de Pietro Germi « Meurtre à l’italienne », Signore & Signori », « Il Ferroviere ». Sortie le 23 février 2010.
Lire aussi la critique de « Signore&Signori »…
Notre note
(4 / 5)
Laisser un commentaire