« Nuit de chien » : désenchantés
Pitch
Dans une ville assiégée, terrorisée par une milice déchaînée, le héros d’une résistance en débâcle tente de retrouver ses anciens alliés et la femme qu’il aime. Mais la situation a bien changé, les amis d’hier n’ont plus le même discours et chacun cherche à sauver sa peau...
—–
photo éditions Montparnasse
Vinial débute cette nuit de recherche par une étape au First, une boite de nuit où il rencontre Irène (Amira Casar) qui lui offre son adresse pour un brin de repos, et le Commandant Martins (Jean-François Stévenin), un ancien compagnon d’armes qui ne se décide pas à abandonner les armes. Mais la soirée est interrompue par la police politique menée par son chef, Morasan (Bruno Todeschini), et son adjoint Villar (Eric Caravaca), qui arrêtent pour un interrogatoire musclé Irène et la patronne du First, Madame Risso (Nathalie Delon). C’est que Morasan recherche pour sa part Barcala (Sami Frey), le chef du clan défait auquel appartiennent Vinial et Martins. On ne sait d’ailleurs pas trop pour qui roule Morasan, entre ses ambitions personnelles, le clan légitimiste, ou celui d’une tierce partie. Quoi qu’il en soit, Vinial passe sa nuit à naviguer parmi tout ce beau monde, tentant de tirer son épingle du jeu et de retrouver Clara, entre retrouvailles, retournements de vestes, trahisons, embuscades, …
photo éditions Montparnasse
Dire qu’on est pris par l’intrigue et qu’on ne peut se décoller du film avant son terme est sans doute exagéré. Mais pour qui possède une bonne résistance au sommeil, une certaine tolérance au théâtralisme, un faible niveau d’exigence sur la crédibilité des situations, des qualités de discrimination auditive légèrement au dessus de la moyenne, une petite réserve de Xanax, une confiance endurcie dans l’intelligence d’un metteur en scène qui ne s’exprime probablement pleinement qu’au dixième visionnage de son oeuvre, il faut tout de même admettre un caractère discrètement fascinant à ce film, tourné entièrement de nuit et soutenu par une musique allant de Bach à Albinoni.
photo éditions Montparnasse
Werner Schroeter avoue n’avoir fait que s’inspirer du roman de Juan Carlos Onetti, qu’il avait volontairement lu en diagonale de manière à ne pas trop se laisser influencer par les détails de l’histoire. Seule l’ambiance, la vision désabusée du monde et du pouvoir qu’il se trouve en commun avec l’auteur du roman, l’intéressaient à exprimer. Et de ce point de vue, le résultat est à la hauteur des attentes : une ambiance glauque et une vision désenchantée de ce que le cinéma peut apporter au spectateur. Schroeter, à en croire son entretien sur evene.fr, n’est d’ailleurs pas dans l’illusion concernant son résultat, s’attendant à un accueil cinéphilique mais certes pas du grand public, peu ouvert à « des sujets sérieux traités intelligemment ».
DVD éditions Montparnasse. Sortie 7 avril 2010.
Notre note
(3 / 5)
Laisser un commentaire