« Thirst (ceci est mon sang) » : profession de foi
Cannes 2009, Prix du jury, Park Chan-Wook, sortie 30 septembre 2009
Prix du jury ex-aequo avec « Fish-tank » d’Andrea Arnold cette année, je n’ai pas revu ce film depuis le festival de Cannes en mai, 2009 je livre ici mes notes « de l’époque ».
Librement (c’est le moins qu’on puisse dire) adapté d’un roman de Zola « Thérère Raquin », ce film est dans la veine du précédent, « I’m a cyborg », la comédie déjantée hospitalière avec une différence de pathologie : un tropisme sur le corps et la maladie virale pour « Thirst » quand on campait dans un hôpital psychiatrique dans le premier. Un prêtre va se prêter, comme un martyre dans la fosse aux lions, à un test mortel pour un vaccin, il en ressort couvert de pustules avec un seul traitement : boire du sang, il est devenu un vampire. Mais les vampires ne supportent pas le jour et se consument au soleil, ce qui donne au bout de 2h30 interminables, un final plutôt esthétique de consumation/calcination amoureuse. Comme dans « I’m a cyborg », l’image de la mère abusive et mauvaise est présentée avec un humour décapant, il faut l’entendre hurler que sa bru a oublié de faire la bouillotte de son mari alors que les deux amants (la bru et le prêtre vampire) s’étreignent…Métaphore du SIDA ou de la grippe aviaire, le virus est l’élément extérieur qui déclenche la mise à l’écart, la différence, le prêtre, orphelin, veut ce calvaire, éloge de la mortification ou humour noir? il devient le grand guérisseur bandé et bandant, si j’ose dire, le visage enveloppé de bandages blancs, hommage au film de genre. Mais le prêtre, avec la tranfusion, possède, coulant dans ses veines, un autre sang, celui d’un homme torturé par ses pulsions sexuelles toute neuves et qui s’auto-flagelle pour s’en punir. Quand il revoit son amour d’enfance, une orpheline comme lui, recueillie par une mère et son fils débile qui l’exploitent, les deux jeunes gens, tous deux frustrés sexuellement, vont réparer en rouge leurs frustrations ensemble. Un peu Roméo et Juliette chez les vampires, belle scène où ils échangent leur sang, dommage que ce soit tourné en dérision aussitôt, c’était pour fêter l’anniversaire de la jeune femme.
—–
—–
photo Le Pacte
Génialement filmé, truffé d’idées de mise en scène alourdies par des idées tout court de dérision délirante et d’humour noir c’est noir, le film, pour un tiers, se regarde volontiers, pour le reste, focalisé sur le couple d’amants maudits, n’en finit pas, il semble qu’on ait vu passer n scènes de fin et ça recommence… Dommage que Park Chan-wook, déjà primé pour « Old boy » en 2004, ait défintivement basculé dans la comédie déjantée, il s’amuse certainement plus que le spectateur. La bande-annonce montre une des scènes les plus poétiques reprise dans la scène finale, la métaphore des chaussures, il met ses pieds à elle dans ses chaussures à lui, elle refera d’elle-même la manoeuvre et ils tomberont en poussière au soleil ensemble. C’est ce film poétique qui existe en filigrane qu’on aurait aimé voir au lieu de ce récit grand-guignolesque souvent aussi indigeste que la digestion des vampires est lourde…
photo Le Pacte
Notre note
(3 / 5)
Laisser un commentaire