« This must be the place » : Sean Penn surjouant dans un Sorrentino expatrié
Paolo Sorrentino, sortie 24 aout 2011
Pitch
Une ancienne rock star dépressive, enfermée avec son épouse dans un manoir irlandais, doit traverser l'Atlantique pour assister aux obsèques de son père à New York. Sur place, il poursuit la mission paternelle de traquer un ancien nazi.
On dit à Cannes que Sean Penn, président du jury en 2008, aurait soufflé à Paolo Sorrentino, à qui il remettait le prix du jury pour « Il Divo », qu’il était vivement intéressé de tourner sous sa direction. Un an plus tard, un scénario sur mesure pour Sean Penn. Est-ce là le problème, cette fascination du réalisateur pour son interprète qu’il filme sans cesse en très gros plan comme un paysage qu’il ne se lasserait pas de contempler?
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photo ARP
Deux parties dans le film, l’Irlande, où s’est réfugiée l’ancienne rock star Cheyenne (directement inspiré de Robert Smith, le leader des « Cure ») avec son épouse Jane, capitaine des pompiers du village. Les USA pour un road-movie, quête identitaire, encore… Cheyenne, quinquagénaire dépressif, usé, a renoncé à chanter après le suicide de deux jeunes fans dont il va régulièrement fleurir la tombe. En cause, ses chansons sinistres qu’il écrivait sur mesure pour gagner un maximum de blé, selon ses dires. Aujourd’hui, Cheyenne produit mollement Mary, leur fille adoptive et un certain Desmond. Soudain, son père, qu’il n’a pas revu depuis plus de trente ans, meurt, Cheyenne est alors obligé de partir pour New York assister aux obsèques. Il y va en transatlantique puisqu’il a peur de l’avion. Apprend que son père a passé sa vie à rechercher un ancien nazi qui l’avait persécuté à Auschwitz. Pas très motivé au départ, la rock star maquillée, empotée, les bras couverts de bracelets, les mains de bagues à chaque doigt, physique à la Alice Cooper, se lance dans un road-movie avec le pick up d’un tiers. Bien évidemment, c’est lui-même adulte qu’il va trouver au bout du chemin.
photo ARP
Immense déception pour l’interprétation de Sean Penn qui prend toute la place (ce qui n’est pas le problème) adoptant la gestuelle et la voix chevrotante d’une vieille dame, ses postures coincées, ses gestes étriqués, avec le tic de souffler sur une mèche de sa perruque, il en fait des tonnes. Où est passé le génie de l’intériorisation? Cette performance d’acteur taillée pour les Oscar m’a accablée… Grande déception aussi s’agissant de Paolo Sorrentino, dévitalisé, ayant perdu son style, à qui le US road-movie aurait plutôt permis de se perdre que de se retrouver, contrairement à Cheyenne. Double mise, double échec! Lot de consolation : David Byrne, auteur de This must be the place, a composé la musique du film où il joue son propre rôle.article publié le 21 mai 2011 sur le blog spécial www.cinemaniacannes.fr après la présentation du film au festival de Cannes…
Notre note
(2 / 5)
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