"Versailles" : cabanes
Dans le Paris d’aujourd’hui, une jeune femme et son enfant de cinq ans dorment dans la rue, trouvant quelquefois abris dans des centres d’hébergement d’urgence. Un soir, le Samu social les amène à Versailles. Le petit Enzo n’en bougera plus… Car Nina rencontre dans la forêt un homme des bois qui vit, retiré du monde, dans une cabane, un ancien toxicomane comme elle : Damien, ronchon, colérique mais grand coeur. Quand Nina disparaît au matin, Damien s’occupera du petit Enzo qu’il finira même par adopter.
Mais les choses ne sont pas si simples, si Damien se décide à reconnaître Enzo comme son fils, c’est pour amadouer son père et sa nouvelle belle-mère, les convaincre de les accueillir durablement, ces derniers exigeant que le petit aille à l’école. Pourtant Enzo regrette la cabane, celle bulle d’intimité avec Damien qui lui servait à la fois de père et de mère et partageait tout avec lui, c’est à dire le peu qu’il possédait… Mais Damien hospitalisé, il a fallu renoncer à vivre dans la cabane… La sécurité de l’hébergement chez le père de Damien, soit le retour à la société civilisée, a un prix : la fin de la complicité entre Damien et Enzo noyés à présent dans les rituels de la maison paternelle, les lois sociales, etc…
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photo films du Losange
On met beaucoup de temps à entrer dans ce récit sombre, filmé souvent la nuit dans la pénombre sans talent particulier pour les images nocturnes, il n’est pas rare qu’on n’y voit pas grand chose… S’il n’y avait la présence de Guillaume Depardieu, occupant magnifiquement l’écran avec un rôle qu’on dirait taillé sur mesure, je ne sais pas ce qu’il serait advenu de ce film. Truffé de bonnes intentions, dénonçant le scandale des SDF dormant dans la rue dans un pays industrialisé comme la France, mettant en scène une galerie de personnages plutôt sympathiques, le film est terne et laborieux, sans relief. C’est aussi le genre de film tout en ellipses, en non explications, où on doit guetter un mot, un geste pour tenter de définir les personnages, comme beaucoup de films désormais, s’agissant de la plupart des films de la section Un Certain regard cette année, je vous livre la question posée par un critique à une de ses voisines pendant une projection : « ça existe le cinéma comportemental? »
Le film, c’est son sujet et le scénario tient à cette rencontre entre un homme blessé et un petit garçon abandonné mais les mises en situations ne sont pas légion, même si in extremis, on passe à sept ans plus tard, Enzo devenu ado, pour une dernière partie disproportionnée très courte, comme rajoutée de dernière minute. Un film austère, pourtant courageux, où on n’est pas à l’abris de s’ennuyer ferme.
photo films du Losange
Notre note
(2 / 5)
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