PALMARES et clôture du Festival du film asiatique de Deauville 2007 / J5 (dimanche 1er avril)
Dernier petit déjeuner à Deauville, dernier film de la compétition "Family ties", méfions-nous de films avec ce préfixe quand on se souvient de léprouvant "Family portraits" du festival du film américain de Deauville en septembre (voir ma critique du film ). Reste au menu de laprès-midi lavant-première mondiale "Things we do when we fall in love", nouveau film du réalisateur malaisien dont on a inauguré lhommage jeudi avec "Before we fall in love again" et on verra que la ressemblance entre les deux films ne sarrête pas au titre. En attendant le palmarès à 18h00 suivi du tardif film de clôture "The Go master" de Tian Zhuangzhuang, un soleil de dernière minute sest installé sur la ville, précipitant les gens sur les Planches et dans les rues désertées depuis deux jours daverse non stop. Comme je lai entendu dire à un client qui retournait à Paris "au moins, vous aurez beau temps sur la route"
Palmarès
Grand prix Action Asia
"Dog bite dog" de Soi Cheang ( Hong Kong)
Lotus Air France/Prix de la critique internationale
"King and the clown" de Lee Yun-ik (Corée du sud)
Lotus dargent/Prix du jury
"Ab lib night" de Lee Yoon-ki (Corée du sud)
Lotus dor/Prix du meilleur film
"Syndromes and a century" dApichatpong Wherasethakul (Thaïlande)
Un palmarès applaudi par le public pour "Dog bite dog" et "King and the clown". En revanche, lattribution du prix du jury à léthéré "Ab lib night" suscite des réactions mitigées et celle du meilleur film au déjà célèbre thaïlandais Apichatpong Wherasethakul, très prisé des festivals, laisse lassistance de marbre : ayant tendu loreille après le film jeudi matin, le public na pas aimé le sophistiqué "Syndromes and a century", lui préférant (si jen crois les réactions après les projections et les applaudissements) "Le Pensionnat" de son compatriote Songyos Sugmakanan ou "Getting home" de Zhang Yang (Hong Kong). A ce propos, il est vraiment dommage quil nexiste pas de prix du public à ce festival public, celui du festival du film américain de Deauville ayant été supprimé en septembre, ça nen prend pas le chemin Le festival Paris-cinéma (le 3 juillet 2007 pour le prochain), modèle douverture et dinteractivité avec le public, donne un bulletin à chaque spectateur avant chaque film quon remet ensuite à une hôtesse avec une note. Malheureusement, je nai pas pu rester pour lintégralité du film de clôture "The Go master", étant obligée de rentrer à Paris, mais je vais essayer den dire néanmoins deux mots car ce que jen ai vu était superbe.
Family ties de Kim Tae-Yong (Corée du sud)
Le film démarre par un jeune couple dans un train, dernière étape dune histoire compliquée en plusieurs histoires emboîtées comme des poupées russes. La sage Mira, gérante dun snack-bar, reçoit un coup de fil de son frère quelle na pas vu depuis des années annonçant son arrivée. Lenthousiasme de la jeune femme se pétrifie à la vue de Mu-shin, la nouvelle épouse de son frère, en âge dêtre leur mère, un mégot vissé au coin des lèvres, le rire et lorgasme bruyants de lautre côté de la cloison de la chambre de Mira. Par dessus le marché, la pseudo-fille de Mu-shin débarque aussi chez Mira. Si le couple de jeunes gens est assez exaspérant, en revanche, le couple Mira/Mu-shin, qui va fonctionner en mères co-équipières, est plutôt piquant avec cet emploi original et peu employé
de femme dun certain âge encore dans la séduction loin des schémas très jeune et jolie ou très vieille dame.
"Things we do when we fall in love" de James Lee (Malaisie)
Après "Before we fall in love again" (que je préfère nettement), film en noir et blanc habilement construit autour de deux hommes ayant perdu la même femme de leur vie, "Things we do when we fall in love" est à peu près la même histoire de couple et de jalousie, questionnements et suspicions, en version filiforme et en couleurs. Par rapport au film précédent, tout est radicalisé, le tête à tête du couple est interminable, les gestes quotidiens sont plus vrais et plus longs que dans la vraie vie (exemple de la jeune femme essuyant le pare-brise de la voiture en temps réel ou du robinet fuyant dans la salle de bains, le genre de scènes qui ont poussé pas mal de spectateurs déjà las vers la sortie)
Le parti pris de filmer longtemps le couple de dos, les nuques dans la voiture ou la caméra suivant le couple qui marche, jusquà ce quon arrive même à un écran noir avec un point scintillant, fige le film en démarche esthétique, une tendance quavait déjà le précédant. Cest pourtant visiblement linverse que cherche le réalisateur, obsédé par lintimité du couple dont il dépouille tout autour de ce qui pourrait détourner lattention du sujet.
Bien que je n’aie vu que la première heure du film, ce que jen ai vu était du haut de gamme à tous points de vue et je retournerai certainement voir ce film à sa sortie en salles. Le film raconte la vie de Wu Qingyuan, né en 1913, meilleur joueur du XX° siècle du jeu de go, équivalent oriental et plus ancien du jeu déchecs. Le jeune Wu, repéré tôt comme un jeune prodige du jeu de go, quitte sa Chine natale à 14 ans pour exercer son art au Japon, pays où ce jeu frise lobsession. Indifférent aux conflits entre les deux pays, son existence centrée uniquement sur le jeu de Go (un maître peut ne jouer quun seul coup en toute une journée ), Wu épousera la japonaise Kazuko et passera sa vie au Japon. Victime dun accident de voiture en 1955, il devra arrêter la compétition. Interprété par le remarquable acteur twaïwanais Chang Chen (vu dans "Three times" de Hou Hsio-sien), le film, apolitique bien que sur fond d’un contexte politique houleux, est focalisé sur le portrait moral dun homme à la recherche de la concentration mentale maximum et de la force émotionnelle nécessaire pour être le meilleur joueur de Go. Les images de ce film sont exceptionnellement limpides et dune grande beauté, en adéquation avec le sujet.
Le film "The Go master" ainsi que celui de James Lee ("Things we do when we fall in love") sont actuellement en compétition au 31ième festival international de Hong Kong (équivalent asiatique du festival de Cannes) présidé par Jean-Michel Frodon, directeur des Cahiers du cinéma (du 20 mars au 11 avril 2007)
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