Le poids du monde 📚📚📚#rentrée2018
Pitch
Thad revient démoli d’Afghanistan et retrouve son ami d’enfance Aiden. Ensemble, ils vont essayer de survivre dans un bled paumé des Appalaches où la violence fait loi.
Notes
LE POIDS DU MONDE
Éditions SONATINE
PARUTION 30 août 2018
C’est certainement un des livres les plus sombres lu depuis longtemps. Deux amis inséparables que la vie n’a pas épargnée (c’est la moins qu’on puisse dire) vont tenter de tenir debout l’un grâce à l’autre.
Aiden McCall a vu, enfant, sa mère, tuĂ©e par son père. Ce père, qui tabassait mère et fils depuis longtemps, s’est suicidĂ© ensuite. On le place dans un foyer. Il y rencontre l’ami de toute une vie de galères : Thad Broom. Malheureusement, Thad s’engage dans l’armĂ©e et en revient dĂ©moli, ne supportant pas ce qu’il a fait et vu en Afghanistan, comme « dĂ©jĂ mort », il s’enfonce dans la drogue pour ne pas penser. Pendant son absence, Aiden s’est rapprochĂ© d’April, la mère de Thad, qui n’a jamais pu supporter son fils, l’exilant dans une caravane minable au fond du jardin. RemariĂ©e Ă un type plus âgĂ© et très violent qui la tabassait rĂ©gulièrement jusqu’à la commotion cĂ©rĂ©brale, elle est aujourd’hui veuve et soulagĂ©e de s’être dĂ©barrassĂ© de ce boulet, hĂ©ritant d’une maison, d’un terrain et d’une police d’assurance Ă son nom. Le père de Thad, la belle April n’en parle jamais mais c’est visiblement une source d’un traumatisme enfoui. Aiden a toujours aimĂ© April dont il est devenu l’amant, ce qui exaspère Thad. April, victime depuis son adolescence de toutes les humiliations, est incapable d’aimer et ne songe vendre la maison et s’en aller sans se soucier de ce qu’il adviendra de Thad et d’Aiden. PerpĂ©tuellement dĂ©foncĂ©s, les deux amis se piquent un jour de faire du trafic de drogue avec un lot volĂ© Ă leur crapule de dealer. Mais les choses tournent plus mal qu’il ne saurait possible de l’imaginer…Â
Le rĂ©cit se passe Ă Little Canada, un bled paumĂ© au fin fonds des Appalaches, oĂą vivote dans une grande prĂ©caritĂ© un monde de rebuts de la sociĂ©tĂ©, dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s pour la majoritĂ©, incapable de rĂ©agir pour changer le cours de leur destin et Ă©chapper Ă un passĂ© qu’ils reproduisent malgrĂ© eux. Dans ce no future land, les coups pleuvent mais les hommes sont solides et aguerris… jusqu’à un certain point de rupture… qui deviendra… leur dĂ©livrance…
Dans ce livre de l’anti-rĂŞve amĂ©ricain, on s’attache nĂ©anmoins aux deux anti-hĂ©ros Ă l’amitiĂ© rude mais inĂ©branlable. On est dans un naturalisme Ă la Zola oĂą aucun dĂ©tail d’une dĂ©chĂ©ance programmĂ©e n’est Ă©pargnĂ© au lecteur avec quelques rares moments de poĂ©sie. Mais on aime ce livre pour son accent de vĂ©ritĂ© et une sorte de pudeur, parfois de candeur, dans la souffrance extrĂŞme. Très bien Ă©crit avec des «tripes», c’est un voyage au bout de l’enfer qui confirme un grand Ă©crivain dans c’est le second livre.Â
Et aussi
David Joy est un écrivain américain dont le premier livre «Là où les lumières se perdent» avait déjà été largement remarqué... Edité également par Sonatine, on trouve depuis peu une version poche du premier livre chez 10/18.
Diffusion
Editions SONATINE
Parution le 30 août 2018
Notre note
(4 / 5)
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