Polars, thrillers 📚#été 2018 : Ellory, Marsons, Bayer, etc.
Pitch
Le dernier RJ Ellory «Les fantômes de Manhattan», le premier livre d’Angela Marsons «Le Pensionnat des innocentes», le dernier William Bayer «La photographie de Lucerne», etc.
Notes
Parmi les kilos de thrillers et polars que je lis régulièrement, j’en ai retenu trois pour cet été, tous des nouveautés parus en 2018.
Il y en a bien d’autres…
Toute la collection étrangère Sonatine (qui fête ses dix ans) vaut le détour ; dans leurs dernières parutions «La Promesse» de l’auteur australien Tony Cavanaugh, son second livre après «L’Affaire Isobel Vine».
Les livres rĂ©tro de l’amĂ©ricaine Megan Abbott aussi qui ont l’intĂ©rĂŞt sup pour les cinĂ©philes de se passer souvent dans l’univers du cinĂ©ma Hollywoodien d’autrefois («Adieu Gloria», «Absente» sur l’affaire Jean Spangler, sorte d’affaire du Dahlia noir bis, plus soft, si l’on peut dire…, «Les Ombres de Canyon arms », etc…)
ETC.
Et bien entendu, en 2018, le dernier polar de JoĂ«l Dicker «La Disparition de StĂ©phanie Mailer » page-turner qu’on dĂ©vore, du caviar…
MAIS AUSSI…
Mais aussi, des valeurs sĂ»res, existant en livre de poche, des livres de grands auteurs non spĂ©cialistes du polar mais Ă l’univers envoĂ»tant et infiniment trouble, au suspense haletant comme «Les Revenants», chef d’œuvre incontestable  de Laura Kasischke ou «Le MaĂ®tre des illusions», premier et mon prĂ©fĂ©rĂ© des trois livres de Donna Tart, deux merveilles Ă lire et relire inlassablement…
Et aussi
Les fantômes de Manhattan de RJ Ellory (Sonatine, 2018 ) Annie O’Neil, trentenaire, tient une petite librairie poussiéreuse dans Manhattan. La jeune femme trop sage n’a d’autre vie personnelle que ses livres et un ami dans son immeuble. Quand un vieux monsieur, nommé Forrester, vient bouleverser sa vie en lui apportant un manuscrit, par fractions, tous les lundis soirs, ainsi que quelques lettres d’un père qu’elle a très peu connu puisque sa mère, aujourd’hui disparue lui a toujours dit qu’il les avait quittées quand elle était enfant. Mais la mémoire de son enfance s’est effacée. Le manuscrit qui s’averera inachevé raconte l’histoire rocambolesque et dramatique d’un réfugié de l’Holocauste devenu plus tard une figure du grand banditisme américain. Fascinée par sa lecture, la jeune femme se demande quel est le lien avec sa vie, puis se pose les questions qu’elle a toujours occultées, comme, par exemple, pourquoi sa mère ne lui parlait jamais de son père? Au même moment où presque, un certain David Quinn, bel homme sorti de nulle part, vient acheter des livres dans la petite librairie d’Annie, la séduit aussitôt et envahit sa vie vide dans laquelle elle le laisse s’installer sans crainte et sans trop se poser de questions (même les plus élémentaires), une fois encore... Elle retrouve avec lui une féminité débordante et un pouvoir de séduction auxquels elle avait renoncé, c’est alors ce qui compte pour elle, maus, un jour, il disparaît. Qui était en réalité ce David Quinn météore trop beau pour être honnête? Le livre retrace un demi-siècle de vies où les fantômes du passé, ses traumatismes, ses trahisons et ses plaies jamais cicatrisées viennent à la rencontre du présent ou ce qu’il en reste. C’est l’histoire d’une vengeance injuste accomplie trop tard, de l’impossible pardon aux figures du passé. Du grand Ellory, un livre magnifique, un des meilleurs livres de l’auteur du choc « Seul, le silence » qui l’avait propulsé du jour au lendemain au firmament des grands auteurs. Le pensionnat des innocentes d’Angela Marsons (Belfond noir, 2018) En 2004, 5 personnes scellent un pacte autour d’une tombe, ils se tairont, ils referont leur vie, ils ne se verront plus. De nos jours, une série de meurtres s’enchaine. Pour la police, il n’y a apparemment aucun lien entre eux sauf un dénominateur commun que va rapidement découvrir l’inspecteur Kim Stone, et pour cause... Tous ont travaillé à des postes différents au même moment dans l’orphelinat de Crestwood, aujourd’hui à l’abandon. Et Kim Stone connaît bien l’assistance publique pour avoir passé son enfance dans ce type d’établissement, ballotée d’une famille d'accueil à l’autre, retournant entre deux à l’orphelinat, mais elle s’en est sortie. Le premier meurtre est celui de Teresa Wyatt, l’ancienne directrice de Crestswood, noyée dans son bain. Au même moment, le Professeur Milton, archéologue, après de deux ans de démarches, avait enfin obtenu l'autorisation administrative de commencer ses fouilles à Crestwood, Terera s’était fait remarquer en se proposant comme bénévole à Milton mais elle avait été refusée. Des fouilles censées chercher un trésor enfoui qui commencent en déterrant les cadavres mutilés de trois adolescentes de 15 ans, pensionnaires de Crestwood à l’époque de leur mort tragique. l’inspecteur Stone, peu conformiste, se disputant souvent avec son chef sur ses méthodes, cassante et peu diplomate mais bourreau de travail, appréciée de son équipe, en fait alors une affaire personnelle : elle trouvera l’assassin de ces filles qui n’intéressaient personne et dont la disparition n’a alarmé non plus personne... Comme c’est le cas dans la plupart des polars et thrillers actuels, selon le principe de la double narration, on intercale, chemin faisant, les confessions partielles du meurtrier en série non identifié et qu’on aura du mal à trouver sauf vers la fin, une double fin que complexifiera l'auteur. Le lecteur ne sait qu’une chose, ces fouilles archéologiques ont déclenché les meurtres... L’ambiance est lourde et lugubre en référence à la vie de ces orphelines assimilées par commodité administrative à des numéros. Plane sur le livre le souvenir de toutes les maltraitances dont ces enfants, puis jeunes filles, furent l’objet aussi bien dans leurs familles biologiques (d’où la protection de l’enfance les avait retirées pour les protéger, certaines étant volontairement abandonnées par un parent), qu’à l’orphelinat, censé leur proposer une vie la plus normale possible. Mais, les abus et l’indifférence des soignants s'étaient pernicieusement substitués à ceux des familles d’origine, car ces adolescentes étaient des proies anonymes, des victimes nées sans lien social, qui, dans ces conditions, aurait pris leur défense? Premier livre d’une auteure anglaise, le style n’est pas éblouissant mais le récit est captivant. La photographie de Lucerne de William Bayer (Rivages, 2018) Une jeune artiste performeuse à risques, Tess Berenson, vient habiter le loft à Oakland d’une ancienne prostituée SM à la clientèle haut de gamme. Fascinée par cet univers, elle tient à conserver tous les appareils liés à la pratique SM de l’ancienne locataire, Chantal D, brusquement disparue. Peu de temps après, on retrouve le cadavre de Chantal D noyé sur le port. Tess va enquêter et toutes les pistes la conduisent à une photographie ancienne représentant Lou-Andrea Salomé nue sur un attelage tiré Nietzsche et Paul Rée, également nus, tels des chevaux, une photographie dite «scandaleuse», sur une idée de Nietzsche (d’après Lou), montrant une femme dominante et les deux hommes avec qui elle vit et étudie chastement (car Lou voulait rester chaste). Etait-ce un fantasme mis en scène ou un simple jeu? À l'époque, Lou a toute la confiance de Freud avec qui elle travaille à des analyses de patients et leur interprétation de l’interprétation... des réactions à cette photo est laborieuse. Le livre alterne le présent et les carnets imaginaires de LAS à partir des années 1910. Un livre obsédé par le mystère LAS davantage que par l’enquête sur la mort de Chantal D bien que la répartition des chapitres passé/présent soit équitable. L’obsession, William Bayer connaît bien car son chef d’oeuvre du thriller, «Le rêve des chevaux brisés»,  utilise le même angle de l'obsession compulsive, ici, de l'obnubilation d’un psychiatre pour sa patiente, femme fatale perverse, navigant dans la haute société dépravée de la région, qui le conduira au suicide. Mais on est loin de la qualité exceptionnelle de ce fameux livre qui l’a consacré... que je viens de relire pour l’occasion.
Notre note
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