« Ruined heart » / sortie DVD
Pitch
Another love story between a criminal and a whore
Notes
Un cinéma novateur ça existe encore! C’est ce s’on se se dit aussitôt le film commencé : le réalisateur s’autorise tout mais ce n’est pas n’importe quoi : il possède une grande maîtrise de la caméra et du cadre.
Une histoire d’amour entre un criminel et une pute, voilà comment le film présente les choses, il n’a pas l’air d’un criminel, elle n’a pas l’air d’une pute. Surtout elle, habillée presque sagement, comme tout le monde, cheveux mi-longs et frange brune.
On ne peut reprocher qu’une chose au film : de privilégier la forme au fonds ; on s’en rend compte au début du film, ensuite on est immergé…
Mais quelle beauté! Du crime ou des crimes on verra du sang sale, mêlé à la terre et la poussière, sur le sol ; du sexe, ce plan sublime du sperme coulant de la bouche de la prostituée, son visage de profil, un profil de madonne souillée ou aimée (on ne saura pas mais est-ce que ce n’est pas la même chose à la différence que dans un cas il s’agit du client et d’un job, dans l’autre celui de l’être aimé) sur lequel le réalisateur s’apesantit.
Je ne sais pas si le film déborde de références mais le spectateur, médusé, pense à plein de références cinéma, cinéphiles, à commencer par la nouvelle vague, cette manière de filmer novatrice et la prostituée ressemble à Anna Karina, le cinéma de Khavn est une nouvelle vague en soi, une vague qui emporte tout… Avec quelle énergie!
Le film se passe de nuit dans sa première partie, la plus large, la plus riche ; soudain, le film se passe de jour dans sa seconde partie, celle qui mènera au deuil, une fin romantique et poétique entachée de réalité, le chagrin de l’homme, le règlement de compte sordide, cette scène baroque au cimetière où la femme est emportée en robe de dentelle crème dans un au-delà indéterminé.
Et aussi
C'est une chose qui existe naturellement dans ces pays où la précarité et les combines pour survivre dont le sexe tarifié, le corps outil de travail, sont la vie quotidienne : on y écoute des chansons d'amour démodées qui dénotent drastiquement avec la situation (scène d'orgie masculine dont on ne voit pas grand chose où un orchestre entier s'applique à chanter des bluettes, des histoires de cour de brisé et autres...) : mais la BO De "Ruined heart" ne doit rien au hasard : au début du film, on chante le cœur brisé, à la fin, le cœur ruiné (titre du film), on passe de la chanson d'amour presque niaise, tant elle est décaléee avec la situation, à un superbe final de Bach en passant par du lyrique. Et de toute façon, le réalisateur ne montre jamais beaucoup tout en disant tout : l'amour, la violence, la pauvreté, la mort. [caption id="attachment_15013" align="aligncenter" width="385"] "Ruined heart"[/caption]
Diffusion
« Ruined heart » (2014) de khavn de la Cruz
collection Blaq Market
combo DVD/BR, sortie le 7 juin 2016
BO du film dont version vinyl
www.blaqout.com (la boutique)
Notre note
(5 / 5)
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