"Tutti a casa" ("La Grande pagaille")
Connu ou méconnu comme un Comencini mineur, ce film m’a néanmoins beaucoup touchée, vu par hasard un dimanche après-midi sur TCM…
Tandis que certains soldats vont rejoindre le maquis, les habitants d’une ferme où ils trouvent refuge conseillent à Innocenzi et Cecarelli de troquer leur uniforme pour des vêtements civils afin d’échapper aux raffles allemandes. Un groupe de déserteurs de l’armée se forme, malheureusement, leur déplacement au pas les fait remarquer. Allant en éclaireur chercher de l’aide, Innocenzi séduit malgré lui l’épouse nymphomane d’un agriculteur infirme et se laisse convaincre d’abandonner les autres. Le chargement de farine de l’épouse étant pillé, Innocenzi revient sur terre et retrouve ses compagnons.
Tous n’ont qu’un mirage : « a casa mia », retourner chez eux… Une maison et une famille idéalisée par la guerre. L’un retrouvera sa femme qui héberge un soldat américain dont elle a fait son amant. Innocenzi reverra son père tyrannique qui veut le forcer à rempiler avec la nouvelle armée fasciste. Grand moment que ce retour d’Innocenzi » a casa »… (j’en ris encore en l’écrivant…) Après les étreintes lyriques du père et du fils, le vieillard, dont une partie de la maison est réquisitionnée pour héberger un officier fasciste, se mêle autoritairement de lui recommander son fils pour ne pas perdre sa pension…
Comédie néoréaliste alternant la comédie et la tragédie de la réalité de la guerre, des déportations, des dénonciations, des fusillades, ce film est un concentré de sourire et d’émotion, le sens de l’auto-dérision typiquement italien faisant des miracles pour trouver matière à rire du grotesque de situations tragiques dans la minute suivante. Il y a de l’humain à chaque instant du film, comment les circonstances font de l’homme ordinaire enrôlé comme soldat, démotivé par la débâcle, un héros ou un lâche ou les deux en alternance, entre individualisme et générosité, mesquinerie et grandeur. Démarrant sur un ton franchement comique, le film se densifie peu à peu jusqu’à un final touchant comme la peine du lieutenant Innocenzi.
Alberto Sordi, que j’ai toujours trouvé un acteur extraordinaire, est merveilleux, Serge Reggiani, lui, ne trouve pas le rôle de sa vie mais le duo fonctionne plus qu’harmonieusement.
les films que j’aimerais revoir avec Alberto Sordi, surtout le premier totalement disparu…
Ettore Scola, 1968
L’Argent de la vieille
Comencini, 1972
Le Grand Embouteillage
Comencini, 1978
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